L’islamiste Djamel Beghal, condamné à dix ans de prison pour avoir préparé des attentats en France, et 13 autres personnes ont été interpellés mardi près de Paris et dans le Cantal dans le cadre d’une enquête sur un projet d’évasion d’un des auteurs des attentats de 1995.
PARIS (AFP) - L’islamiste Djamel Beghal, condamné à dix ans de prison pour avoir préparé des attentats en France, et 13 autres personnes ont été interpellés mardi près de Paris et dans le Cantal dans le cadre d’une enquête sur un projet d’évasion d’un des auteurs des attentats de 1995.
Les policiers de la Sous-direction antiterroriste (Sdat) ont arrêté M. Beghal dans l’hôtel dans lequel il était assigné à résidence à Murat (Cantal). Treize autres personnes, soupçonnées d’être proches de la mouvance islamiste, ont également été appréhendées en région parisienne, ont annoncé des sources proches de l’enquête.
Selon l’une de ces sources, ces personnes projetaient d’organiser l’évasion d’un des artificiers de la vague d’attentats de 1995 en France, l’Algérien Smain Aït Ali Belkacem. Ils auraient également conçu le projet de faire évader M. Beghal de son hôtel et de l’exfiltrer de France.
Interrogé par l’AFP, Me Bérenger Tourné, avocat de Djamel Beghal, a estimé que son client était "une pièce rapportée dans ce dossier".
De son côté, le maire de Murat, Bernard Villaret, a déclaré à l’AFP que M. Beghal menait "une vie tout à fait tranquille" dans sa commune. "Ca fait un an qu’il est assigné à résidence (à) Murat sans poser aucun problème", a-t-il ajouté.
Les 14 islamistes présumés ont été placés en garde à vue, susceptible de durer quatre jours en matière de terrorisme. M. Belkacem, détenu à la centrale de Clairvaux (Aube), devait lui aussi être transféré mardi dans les locaux de la Sdat pour y être entendu, selon une de ces sources.
Ces arrestations ont été effectuées sur commission rogatoire des juges d’instruction antiterroristes Thierry Fragnoli et Edmond Brunaud.
Les enquêteurs ont eu vent de ce projet par des écoutes téléphoniques "corroborées par des surveillances", selon des sources proches de l’enquête. La tentative d’évasion était prévue "pour ces jours-ci", selon ces mêmes sources.
Des documents, armes et argent, devant servir à l’évasion, ont été saisis lors de perquisitions chez les personnes interpellées. Celles-ci "préparaient peut-être un ou d’autres faits du même type" pouvant viser des terroristes déjà écroués en France, a-t-on ajouté de mêmes sources.
Smain Aït Ali Belkacem, ancien membre des Groupes islamiques armés (GIA), a été reconnu coupable d’avoir posé la bombe qui a explosé à la station RER Musée d’Orsay à Paris le 17 octobre 1995 (30 blessés) et a été condamné, comme un autre Algérien, Boualem Bensaïd, à la prison à vie en 2002.
Cette peine avait été confirmée en appel en 2003.
Lors de son interpellation à l’automne 1995 dans le nord de la France, les policiers avaient découvert plusieurs kilos de poudre granuleuse, des pistolets et cartouches et une bonbonne de gaz sciée, des écrous et des réveils trafiqués.
L’analyse de la bande magnétique du coupon de Carte orange retrouvé dans ses poches a établi que celui-ci avait été utilisé pour la dernière fois sur la ligne C du RER le jour de l’attentat et que son utilisateur avait quitté la rame à la station Javel quelques minutes avant l’explosion de la bombe
Quant à M. Beghal, il avait été arrêté en juillet 2001 aux Emirats arabes unis, alors qu’il rentrait en France après un long séjour à la frontière entre le Pakistan et l’Afghanistan. Il a été condamné à dix ans de prison en 2005, notamment pour avoir projeté un attentat contre l’ambassade des Etats-Unis à Paris.
Déchu de sa nationalité française, il est visé depuis le 19 septembre 2007 par un arrêté d’expulsion, bloqué dans l’attente d’une décision de la Cour européenne des droits de l’homme.
