Ce lundi 17 octobre, l’OPMR (Observatoire des Prix, des Marges et des Revenus de La Réunion) partage une nouvelle étude concernant le marché de la distribution généraliste de détail à dominante alimentaire à La Réunion, dans le contexte de l’opération de rachat des actifs de Vindémia par le groupe GBH, autorisée en 2020 par l’Autorité de la concurrence. Cette étude révèle que la part du groupe GBH dans le marché a fortement augmenté depuis.
En juillet 2020, un nouvel acteur entrait dans le monde de la grande distribution à la Réunion. La création de Run Market était une condition au rachat de Vindemia par le groupe Bernard Hayot. L’objectif : éviter une situation de quasi-monopole. Moins de deux ans plus tard, Run Market rencontrerait des difficultés financières, et des rumeurs de rachat circulent.
En janvier 2022, des rumeurs circulaient concernant des difficultés financières rencontrées par le groupe Make Distribution, à la tête de quatre enseignes Run Market. Des rumeurs démenties par Gabriel Maden, PDG de Run Market à l’époque.
Le 22 août dernier, l’OPMR (Observatoire des Prix, des Marges et des Revenus de La Réunion) indiquait que Run Market serait endetté entre 70 à 80 millions d’euros, selon une enquête. Depuis, le groupe réunionnais SAB et le groupe mauricien IBL Ltd ont conclu un accord d’exclusivité dans la perspective d’un partenariat capitalistique équilibré et nécessitant la présentation d’un plan de restructuration de Make Distribution.
Ce lundi 17 octobre, en collaboration avec Bolonyocte Consulting, une nouvelle étude a été révélée par l’OPMR. Celle-ci a pour but de « dresser un état des lieux précis des effets réels de l’opération de rachat des actifs de Vindemia à la Réunion par le groupe GBH, sur le marché de la distribution généraliste de détail à dominante alimentaire, deux années de la date de son autorisation par l’Autorité de la concurrence. » Selon l’OPMR, cette opération, visant à éviter une situation de quasi-monopole, a eu l’effet inverse.
L’étude révèle, entre autres, que la part de marché du groupe GBH, dans la grande distribution, a augmenté, au cours de ces deux dernières années. Elle a atteint 37% et est 28% supérieure à celle que détenait le groupe Vindémia avant l’opération de rachat. En effet, selon l’étude, en 2019, le groupe GBH détenait 17% du marché régional, contre 37% fin 2021, soit 45% des dépenses de consommation courante des ménages réunionnais.
Carrefour et Leclerc totalisent 2/3 du marché, dominé par GBH, un duopole « solide et durable dont l’emprise pourrait s’accroitre davantage et devenir irréversible. »
Afin de « restaurer le pluralisme concurrentiel sur le marché de la distribution généraliste », l’OPMR fait part de ses recommandations. Elles consistent en :
-l’instauration d’un moratoire en matière d’autorisation d’implantation de nouvelles grandes surfaces supérieures à 1 500 m² par le gel de toutes les procédures instruites par la commission départementale d’aménagement commercial, dans le but de favoriser l’émergence de commerces plus petits d’acteurs locaux
-la mise en oeuvre de dispositions spécifiques à La Réunion interdisant l’implantation de surfaces commerciales de plus de 1 500 m² et instaurant un contrôle renforcé par la CDAC de l’environnement concurrentiel
-la mise en place d’une disposition spécifique aux départements d’Outre-Mer limitant la part de marché des acteurs de tout secteur de l’économie, exprimée en proportion du chiffre d’affaires, à 25%
-la mise en place d’une disposition spécifique aux départements d’Outre-Mer, interdisant pour les marchés de la distribution généralistes ou spécialisés les structurations « verticales » des acteurs et donc la présence d’un même acteur sur les marchés amont et aval
-modification et adaptations au contexte « domien » de la loi Elan (notamment l’article 166) pour introduire des dispositions spécifiques aux équipements et aménagements des zones commerciales, pour en limiter la taille, le contrôle par un même acteur et favoriser leur exploitation par une diversité d’acteurs, comme de forme de commerce.