Une Réunionnaise, après le décès de sa fille des suites du syndrome de Ravine, a fait son deuil à sa manière. Elle est partie gravir un sommet du Népal ainsi que le Piton des Neiges pour y déposer un galet pour lui rendre hommage. Elle nous raconte son histoire.
En 2017, Manuréva Ethève constate que sa fille Salomé, alors âgée de 4 mois, ne prenait plus de poids et vomissait quand on la nourrissait. "Elle a eu plusieurs examens, une pose de sonde naso-gastrique pour la nourrir et à ses 14 mois le verdict est tombé. Salomé était atteinte du syndrome de la Ravine, c’est une maladie endémique de La Réunion. Il faut que les deux parents aient le gène pour que l’enfant attrape la maladie ", explique la mère de famille.
Le syndrome RAVINE (de l’acronyme nourrisson Réunionnais, Anorexie, Vomissements Incoercibles et signes Neurologiques ) est une maladie qui touche le cervelet et qui commande les fonctions vitales. Cela débute par une anorexie du nourrisson puis peut atteindre d’autres fonctions comme la motricité.
Le parcours du combattant commence pour aider Salomé à s’en sortir : "Tout s’est enchaîné ; hospitalisation sur hospitalisation, une opération pour lui mettre une sonde gastrique et beaucoup de suivis. Cette maladie a plusieurs caps à passer dont celui des 28 mois. Salomé n’y ait pas arrivé, elle nous a quitté suite à un arrêt respiratoire et 15 jours en réanimation à 22 mois.
Après la mort de sa fille, le sport et la randonnée comme deuil
Après le décès de sa fille, Manuréva fait son deuil comme elle peut. Pour elle, c’est le sport qui l’a sauvé : "Alors que je n’étais pas sportive du tout, j’ai commencé à randonner dans les sentiers de La Réunion, j’ai aussi fait quelques trails et au mois de mai, je suis allée au Népal avec mon compagnon."
Avant de s’envoler, la mère endeuillée décide de faire un acte symbolique pour lui rendre hommage : " Il m’est venu l’idée de déposer un galet avec une fée dessus que j’ai appelé Salomé. J’en ai donc déposé un à 4773m d’altitude."
Après son retour, elle décide de ne pas s’arrêter à là et compte bien gravir le plus haut sommet réunionnais : " Quelques jours plus tard, je décide de monter au Piton de Neiges. Arrivée au sommet je vois des drapeaux de prières népalaises, pour moi c’était comme un signe de ma fée. Donc j’y ai posé mon galet."
« J’aimerais que ce galet voyage »
Manuréva souhaite que ce galet, représentant sa fille, puisse parcourir les sentiers de l’Île et pourquoi pas, aller encore plus loin : " S’il y reste, ce n’est pas grave mais j’aimerais qu’il voyage, c’est pour moi symbolique. C’est comme si je la laissais enfin partir, qu’elle voyage elle aussi, de là-haut. "
En septembre 2024, Manuréva repartira au Népal gravir le sommet où elle avait posé le premier galet, en espérant le retrouver...