Retour sur l’actualité avec la présidente du conseil général de la Réunion. A la veille des élections cantonales, Nassimah Dindar dresse le bilan de la majorité et appelle à voter pour les conseillers généraux sortants.
Retour sur le fait de la semaine : le deuxième remaniement ministériel en moins de trois mois. Michèle Alliot-Marie a confié les clefs du Quai d’Orsay à Alain Juppé. Le nouveau ministre des affaires étrangères apparaît comme le nouvel homme fort du gouvernement. Alain Juppé est lui-même remplacé par Gérard Longuet à la défense. Claude Guéant a pris les commandes du ministère de l’Interieur. Que pensez-vous de ce remaniement ?
Nassimah Dindar : Je voudrais d’abord dire que c’est un acte de courage politique que de présenter sa démission, c’est ce qu’a fait Michèle Alliot-Marie par rapport à ce que l’on pourrait qualifier de faute politique. En tous les cas, c’est comme cela que l’opinion l’a ressenti, ce qui a provoqué un remaniement ministériel. Bien évidemment, on sait bien que rien n’est anodin en politique et c’est vrai que cette démission est un acte de courage que je salue. Ceux qui sont au gouvernement l’étaient auparavant, je crois que nous sommes donc avec le même gouvernement.
Selon un sondage, 55% des Français font confiance à Alain Juppé. Et vous ?
Nassimah Dindar : Moi, j’attends toujours pour voir. Mais je crois qu’Alain Juppé est un homme de stature, maire de Bordeaux. Il a oeuvré tout au long de sa carrière. C’est un homme d’expérience et c’est aussi un ministère qu’il connaît. Je crois qu’il apportera sans aucun doute son ingénierie et son savoir faire et son expérience politique au sein de ce gouvernement.
Pour la première fois sous la 5ème république, c’est le Président en personne qui a annoncé le remaniement. Réaction à gauche : Martine Aubry a trouvé que Nicolas Sarkozy était un président à bout de souffle. C’est un avais que vous partagez ?
Nassimah Dindar : Je ne partage pas cette opinion et je n’ai pas à faire des commentaires sur les commentaires apportés suite à l’allocution du président de la République. (...) Ces commentaires ne font pas véritablement avancer l’opinion général. Ce qui m’importe avant tout, c’est l’intérêt de la Réunion, de la France et des Réunionnais que je défends.
En 2012, vous pourriez voter pour un candidat socialiste comme Dominique Strauss Kahn ?
Nassimah Dindar : Je ne suis pas encore au vote des présidentielles. Je suis aujourd’hui en pleine campagne pour les cantonales et sur les votes qui vont venir. Avec une majorité que je défends, la majorité sortante du conseil général.
Sur le plan local, vous appelez à voter pour les socialistes et communistes. Vous sentez-vous confiante à 15 jours du premier tour ?
Nassimah Dindar : J’appelle surtout à voter pour cette majorité sortante et pour le bilan que nous avons mené ensemble. (...) On ne donnait pas long feu de cette majorité qualifiée de tous les noms mais elle a su de manière déterminée montrer qu’elle savait tenir le cap. Parce que nous n’avions qu’un seul objectif : celui de faire avancer la cause de la Réunion, celui de faire avancer le combat pour les Réunionnais et c’est ce que nous avons fait. Je suis aujourd’hui très fière de dire que je fais campagne pour l’ensemble des conseillers généraux sortants de cette majorité.
En ce qui concerne le dossier de l’Arast : sur le plan judiciaire, deux décisions contraires sont tombées. La première condamne le département à verser les indemnités, la seconde condamne les AGS. Il s’agit quoi qu’il en soit d’une decision exécutoire. Le département va-t-’il verser cet argent ?
Nassimah Dindar : Les AGS ont été condamnées à deux reprises à Saint Denis et ils ont payé en France métropolitaine pour toutes les associations qui étaient en charge des personnes âgées. Il n’y a aucune raison que ce soit le contraire à la Réunion. Nous sommes dans la République, pourquoi les AGS ne paieraient pas à la Réunion alors que les salariés ont cotisé ? Il y a des décisions de justice. (...) Quand on fait de la politique, il y a une collectivité à gérer, des dossiers et des techniciens et des avocats qui traitent de la question judiciaire. Je ne suis pas un juridique mais la présidente du conseil général. Ce qui m’importe, c’est de faire en sorte que les personnes âgées aient un service rendu et que l’argent du contribuable ne soit pas gaspillé.
Concernant le RSA, vos opposants vous reprochent un manque d’implication. Qu’en pensez-vous ?
Nassimah Dindar : Je ne comprends pas du tout ces critiques et d’où cela vient car notre action a été saluée par Martin Hirsch il y a quelques semaines : sur l’implication du conseil général et la mise en place du RSA à la Réunion qui a été l’un des premiers départements à avoir appliqué justement ce bon fonctionnement entre la CAF, le conseil et l’agence départementale d’insertion.
Concernant le plan départemental des déchets. Vous n’avez pas le sentiment finalement que le département a accouché d’une souris. Est-ce que vous avez déjà localisé les deux futurs centres d’enfouissement ?
Nassimah Dindar : Ce n’est pas au conseil général de fixer les lieux ou de mettre en oeuvre des incinérateurs qui font déjà partie du plan actuel ou des centres d’enfouissement. Le conseil général a pour mission d’élaborer le plan : il appartient ensuite à chaque communauté de communes de mettre en place sur son territoire le centre qu’il veut.
(...) Il ne faut pas confondre les débats : aujourd’hui, aucune conseil général de France et de Navarre ne met en place des modalités de traitement des déchets, le conseil général doit élaborer un plan.
Des mesures comme la réduction des déchets à la source auraient été des mesures importantes ?
Nassimah Dindar : La réduction des déchets à la source fait partie bien évidemment du plan comme il faisait partie de l’ancien plan qui demandait 22% de traitement des déchets à la source, ce qui n’a pas été assuré sur le laps de temps.
En ce qui concerne les élections cantonales, avez-vous le sentiment que le PS et le PCR sont favorables à votre maintien à la tête du département qui se jouera lors du troisième tour ?
Nassimah Dindar : Nous ne sommes pas aujourd’hui dans la logique de savoir qui sera élu président ou qui ne le sera pas.
Paul Vergès vous apporte publiquement son soutien et appelle à vous maintenir à la tête du Département. Est ce un engagement sincère selon vous ?
Nassimah Dindar : Je suis gré à Monsieur Paul Vergès de donner son opinion mais il ne l’a jamais caché. Ce n’est pas un homme à se cacher derrière son petit doigt. L’engagement sincère, c’est celui que l’on prend pour la population réunionnaise et pour défendre la Réunion avant de défendre un camps.
Vous n’avez pas peur d’être utilisée, que votre popularité soit utilisée et qu’au terme de l’élection, Pierre verges vous remplace à la présidence ? Si Paul Vergès cherche en coulisse à placer son fils, aurez-vous le sentiment d’être trahie ?
Nassimah Dindar : C’est de la mauvaise politique que de faire en sorte qu’à la veille des élections, on pose ce genre de questions. Ce n’est pas comme cela que je conçois la chose politique.
Dans le débat politique, ce qui m’intéresse c’est ce que l’on dit sur l’action du Département. J’ai entendu des élus et un président de Collectivité parler de la non-implication du conseil général sur l’action sociale et même sur les personnes âgées. J’invite ce président (ndrl : Didier Robert) à un face-à-face pour que nous puissions partager le bilan du conseil général, le vrai, et pour que nous puissions aussi échanger en bonne coordination parce que je ne crois pas qu’un homme politique soit là pour mentir aux Réunionnais (...).
Retrouvez l’intégralité de cet entretien avec la présidente du conseil général Nassimah Dindar, dans la vidéo ci-jointe.