Les dangers liés à l’usage du cannabis/zamal, sont souvent sous-estimés, voire méconnus. Ce narcotique est bien plus toxique que ce que les consommateurs imaginent, pouvant entrainer des maladies physiques et / ou psychiques. Les chiffres de la consommation chez les jeunes publics sont encore particulièrement inquiétants. Dans les DROM (Départements et régions d’outre-mer), les consommateurs ont un rapport particulier avec ce stupéfiant. Et à chaque territoire son lien avec le cannabis. C’est pourquoi le gouvernement a décidé d’adapter sa campagne de sensibilisation, pour alerter au mieux chaque territoire, sur les conséquences tragiques de l’usage de ce narcotique, particulièrement chez les jeunes.
À La Réunion, en 2021, le nombre de lycéens consommant du cannabis a baissé d’environ un tiers par rapport à 2015, que ce soit sur l’ensemble des expérimentateurs (passant de 49,7 % à 30,7 %), sur des usagers récents (passant de 23,9 % à 14,9 %), ou des usagers réguliers (passant de 7,9 % à 5,1 %).
(Source : Enquêtes ESPAD 2015 et EnCLASS DROM 2021 – exploitation OFDT)
Avec ces chiffres, La Réunion occupe tout de même la première place des consommateurs de cannabis devant la Martinique et la Guyane.
Bien que la consommation de zamal dans les DROM soit « culturelle », cette tendance s’estompe avec les nouvelles générations, mais reste encore trop importante. Les risques liés à cet usage sont nombreux. Plus l’on débute jeune plus les conséquences peuvent être lourdes. Fonctionnement du cerveau altéré, troubles de l’attention, de la mémoire, troubles du comportement, mais aussi crises de paranoïa, hallucinations, dépression, bipolarité voire schizophrénie. N’oublions pas que le cannabis est un hallucinogène, et que les risques de « bad trip » sont fréquents, et ce, dès la première consommation. Un seul « bad trip » peut entrainer ces crises de paranoïa, entrainer un état dépressif et faire apparaitre la schizophrénie.
Il n’est pas rare d’entendre les jeunes consommateurs dire préférer fumer du cannabis car « c’est une plante, c’est naturel ». Mais la plante est aujourd’hui trois fois plus dosée en THC (la molécule à l’origine des effets psychotropes de cette drogue) qu’il y à 20 ans, ce qui en fait un produit aussi toxique que le tabac. Le cannabis contient plus de substances cancérigènes (20 fois plus d’ammoniaque, cinq fois plus d’oxyde d’azote et de cyanure d’hydrogène …)
Pour la santé : en plus des maladies mentales, la consommation de cannabis est aussi une des causes des cancers de la gorge ou du poumon, plus précoces chez ces fumeurs. L’usage de ce narcotique entraine aussi un risque élevé de crise cardiaque avant 45 ans et un vieillissement accéléré de l’organisme.
Sur la route : en 2020, 1 décès sur 5 a impliqué un conducteur ayant consommé de la drogue. Une part importante de ces décès concerne les 18-34 ans. La moitié des conducteurs testés positifs aux stupéfiants, avaient également un taux d’alcool supérieur au seuil autorisé. Le cocktail stupéfiant / alcool multiplie par 29 le risque d’accident mortel.
De criminalité : en 2021, 280 condamnations ont été prononcées à La Réunion, pour trafic et détention de stupéfiants. Un chiffre équivalent à celui de la Martinique (281 condamnations) mais moindre qu’en Guyane (562 condamnations). La même année, 199 kilos de cannabis ont été saisis à La Réunion, contre 590 en Martinique, et 78 en Guyane.
Le gouvernement prend le problème au sérieux, et investit dans la sensibilisation. Mieux connaitre les drogues, pour mieux s’en préserver. En 2021, 120 millions d’euros ont été alloués pour financer les actions de préventions contre les addictions. En charge d’élaborer, d’animer et de coordonner la stratégie de l’État contre ces conduites addictives, la MILDECA (Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives).
Placé sous l’autorité du premier ministre, l’entité travaille sur plusieurs axes :
- Prévenir, prendre en charge et réduire les risques et les dommages des addictions
- Favoriser l’accompagnement et l’accès aux soins
- Lutter contre les trafics
- Mieux faire appliquer la loi
- Diffuser les connaissances scientifiques
Des actions de terrain et de communication menées en cohérence avec les spécificités de tous les territoires, DROM compris.
Pour cette dernière campagne de sensibilisation, c’est le SPADOM (Syndicat des professionnels de l’audiovisuel des départements d’outre-mer) qui est en charge de la proposition créative pour La Réunion / Mayotte et les Antilles Guyane. A travers des témoignages poignants, de véritables expériences de vies, les territoires qui participent pourront ainsi toucher plus particulièrement les usagers de la substance.
Le cannabis, comme toutes les substances psychoactives, entraine la dépendance, et avec elle, ses dangereux travers : désocialisation, décrochage scolaire, irritabilité, accidents domestiques ou de la circulation, perte des notions de réalité, violences, ...
Selon les chiffres les plus récents du baromètre de Santé publique France, datant de 2014, près de la moitié des adultes de 18 à 64 ans (45 %) ont déjà consommé du cannabis et selon l’enquête ESCAPAD de l’OFDT de la même année, 39 % des jeunes de 17 ans l’ont expérimenté, et 7 % en ont un usage régulier.
Lorsque la dépendance s’installe, une prise en charge est nécessaire. Des professionnels sont là pour écouter, aider et proposer des solutions, que cela soit pour vous, ou pour un proche.
Besoin d’aide ? Contacter votre médecin ou le CHU
Centre Hospitalier Universitaire de La Réunion
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