Le meilleur ananas du monde va-t-il disparaitre ? Les producteurs et exportateurs de La Réunion tirent la sonnette d’alarme. Malgré une forte demande et un succès à l’export dans pas moins de 22 pays, l’ananas Victoria accuse les augmentations successives des coûts de productions et de la main d’œuvre. Une aide d’urgence est réclamée à l’Union Européenne.
Les coûts de production des ananas sont de plus en plus élevés en raison notamment, des aléas climatiques et de l’inflation galopante. Il devient difficile de produire selon un agriculteur : "En 2021, on a planté deux hectares et on s’en est sorti avec 41 tonnes. En 2022, on en avait planté plus pour espérer en avoir plus mais on s’en est sorti avec 18 tonnes d’ananas livrés."
Augmentation du prix de la main d’œuvre, des intrants ou encore du plastique... La filière de l’ananas Victoria, vitrine de La Réunion risque de disparaître d’ici 5 ans. Pour maintenir à flot sa production, 3 millions d’euros sont nécessaires. "L’idée n’est clairement pas de relancer mais de maintenir la filière. Les 3 millions d’euros sont pour maintenir la filière. Il serait tout de même opportun d’aider cette culture qui a fait ses preuves sur le marché européen mondial", affirme Anderson Payet, responsable technique de l’OP AnaFruit.
En 2019, 8500 tonnes d’ananas ont été produites contre seulement 7000 en 2022. Parmi ces 7000 tonnes, 4000 ont été transformées et vendues localement. Les 3000 tonnes restantes ont été exportées dans 22 pays différents. Un chiffre qui pourrait être revu à la baisse puisque les difficultés de production de la filière pourraient également impacter son exportation.
"Ce qui va entraîner une baisse des exportations, une baisse de la transformation et une baisse également de la consommation locale. Sans produit, nos activités s’arrêtent", alerte David Cayrou, exportateur.
En plus de l’export, dans une logique de souveraineté alimentaire, l’ananas doit rester accessible également pour les consommateurs locaux. "C’est une vitrine de La réunion sur le territoire national et international, il faut qu’elle perdure dans le temps. On ne veut pas que le consommateur paye cher un produit local mais nous souhaitons pouvoir vivre de notre métier aussi", déclare Gaël Dijoux, président de l’OP AnaFruit.