"La discrimination raciale et le racisme existe à La Réunion". C’est l’avis de Chloé Hamilcaro, militante antiraciste sur les réseaux sociaux. Ce racisme, selon elle, est né de la colonisation de l’île et n’a jamais cessé avec la départementalisation de l’île.
À l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale, célébrée le 21 mars, nous avons voulu en savoir plus sur le combat de Chloé Hamilcaro, militante antiraciste sur les réseaux sociaux, âgée de 25 ans à La Réunion.
À la question de savoir s’il y a, selon elle, de la discrimination raciale au sein de la société réunionnaise, Chloé Hamilcaro est catégorique. “Oui, il y a de la discrimination raciale à La Réunion”, nous répond-t-elle.
Cependant, il existe, selon elle, une différenciation à effectuer entre la discrimination raciale et le racisme. Comme explique la militante antiraciste, toutes les communautés présentes sur l’île peuvent subir de la discrimination raciale.
“Toutefois, le racisme signifie qu’il existe une hiérarchie raciale entre les communautés de La Réunion. Je dirais qu’il existe les deux. Le racisme intercommunautaire est un fléau à La Réunion, de même que le colorisme dans les différentes communautés réunionnaises”, souligne-t-elle.
Chloé Hamilcaro est d’avis que ces phénomènes de race et de couleur sont banalisés à La Réunion et, même, rendus invisibles du fait de l’image touristique de l’île, avec le vivre-ensemble qui est mis en avant. "Beaucoup de communautés sur l’île subissent de la discrimination, au travail, à l’école. C’est tout un système qui nous a été enseigné", renchérit Chloé Hamilcaro.
"Les Réunionnais.es, comme l’ensemble des territoires d’outre-mers, subissent des discriminations raciales au sein de la France”, insiste-t-elle.
D’où nous vient donc cette hiérarchisation des races alors que La Réunion est une terre créole et métissée ? Selon l’activiste antiraciste, cela vient du fait que les Réunionnais ne connaissent pas vraiment l’histoire.
Selon elle, l’histoire reste trop floue car celle-ci n’est pas suffisamment enseignée. Nous ne savons pas forcément que l’origine de ce racisme et de cette discrimination raciale est née de la colonisation de l’ile et du code noir par exemple.
"Une discrimination qui n’a pas cessé avec la départementalisation de l’île. Nous avons tendance à apprendre l’histoire de la France à l’école et délaissons l’histoire de La Réunion alors même que depuis 1998, la loi Taubira laisse libre court aux enseignants d’aborder l’histoire de la traite négrière", dit-elle.
Avant de poursuivre : "Mais c’est aussi la façon dont les images sont véhiculées par les médias, notamment, celle des continents dont nos ancêtres sont originaires, une image pauvre et miséreuse, qui ne permet pas suffisamment d’affirmer nos identités et d’accepter autrui".
Pour essayer d’éliminer cette discrimination, Chloé Hamilcaro est d’avis qu’une meilleure connaissance de l’histoire réunionnaise est la solution. "Je trouve cela dommage que l’histoire de La Réunion n’est pas suffisamment enseignée, voire pas du tout. Les histoires comme le marronnage, l’histoire des esclaves, d’où ils viennent", nous confie-t-elle
"Pourquoi glorifier à chaque fois l’image du colon comme celui qui nous a tout donné. Les Réunionnais.es ont également construit La Réunion, sa culture, son patrimoine. Par exemple, beaucoup de Réunionnais.es ne savent pas que les Comoriens ont été esclaves et engagés au sein de l’île en même temps que les Indiens", s’interroge la militante antiraciste.
"Ou que nous avons dû œuvrer pour obtenir nos droits à différentes périodes de l’histoire. Ce n’est pas uniquement quelque chose que l’on nous a donné mais bien quelque chose pour lequel nous nous sommes battus. C’est l’amnésie collective sur l’histoire réunionnaise qui perpétue ces discriminations raciales", conclut-elle.
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