A la suite de la décision de la Garde des Sceaux Nicole Belloubet, le grand débat national s’est invité en milieu carcéral. Vendredi dernier, la députée Ramlati Ali a animé la réunion à la maison d’arrêt de Majicavo à Mayotte.
Plus d’une centaine de débats ont été organisés dans les centres pénitentiaires en France pour que les incarcérés puissent s’exprimer comme les autres citoyens. En fin de la semaine passée, la grande concertation à la prison de Majicavo, à six kilomètres de Mamoudzou (Mayotte) a été animée par la députée Ramlati Ali. Une vingtaine de détenus ont participé à ce grand débat dans le centre de détention renfermant 310 prisonniers, dont 20 mineurs et 2 femmes, selon le Directeur adjoint du Centre pénitentiaire Jean-Luc Golob. Ils ont été sélectionnés en fonction de leur volonté de porter une parole, et leur capacité à comprendre le français, rapporte Le Journal de Mayotte.
Les quatre thèmes du grand débat - la transition écologique, la Fiscalité Démocratie et citoyenneté, et Organisation de l’Etat et des services publics - ont bien été rappelés. Mais les questions des détenus étaient surtout tournées vers une demande de diversification des offres lors de leur réinsertion. L’insuffisance d’infrastructures sportives, la prise en compte des projets ont été évoquées durant les échanges. "Nous avons un manque d’ingénierie à tous les niveaux, il faut que Mayotte se réveille", a reconnu Ramlati Ali. Des détenus regrettent également que leurs familles ne soient pas aidées, contrairement à ce qui se fait en France métropolitaine. Un accompagnement a été aussi réclamé à la sortie de prison pour éviter de récidiver.
"Je pose la question pour un de mes collègues. Il est comorien et voudrait savoir si Mayotte peut intégrer l’espace Schengen, avec une libre circulation des personnes", a demandé un détenu. Ramlati Ali a répondu franchement : "Mayotte n’est pas prête à cette ouverture sur la métropole !" En guise d’explications, l’élue a indiqué que ce ne sont pas uniquement les Comoriens ni les Malgaches qui viendront dans l’archipel, si l’on met un terme à la fin de la carte de séjour d’exception. Tous les Africains qui passent aujourd’hui par la Libye n’hésiteront pas à passer à Mayotte, alors que le territoire ne peut accueillir beaucoup de monde. Elle ne condamne cependant pas la mesure d’ouverture vers l’extérieur pour les étrangers. Mais, certaines conditions devraient s’appliquer : "Il faut contrôler nos côtes".