L’artiste mauricien autodidacte Mode 2 est une légende du graffiti. Il est l’invité du 12h30 d’Antenne Réunion.
Mode 2 est à La Réunion pour participer à la 8e édition du "What’s up Dock ?" samedi au Kabardock. Pour apprendre à découvrir cet artiste et ses œuvres, il est sur le plateau d’Antenne Réunion.
Il a commencé à dessiner depuis tout petit. "Je dessinais des cowboys, des Indiens, des trucs de gamin. Ça a évolué quand j’ai déménagé à Londres en 1976. "
"Il n’y a aucune école pour devenir graffeur. L’école d’origine c’était les métros de New York. Je ne sais pas si c’est occulté ou oublié involontairement ou pas par la mouvance street art d’aujourd’hui.
C’était des gamins dans une ville un peu en chute libre qui ont commencé à peindre autour d’eux, pour affirmer leur existence. Ce sont eux qui ont construit le rapport avec tout ce qui nous entoure. C’est vu comme du vandalisme, mais à côté de ça, la pollution invisibledes voitures qui nous assomme tout le temps, ça on en parle moins..."
Dans ses dessins il y a des lettres, du mouvement, et aussi un peu d’érotisme.
"C’est une partie de mon travail, mais j’ai toujours cherché une représentation qui s’éloignerait des diktats des magazines de mode. J’essaye de dessiner ce que je vois autour de moi plutôt que des images auxquelles les filles ne s’identifient pas."
Quand Mode 2 regarde un tag ou un graff, il sait où le dessin a commencé et quels mouvements ont été utilisés.
"L’alphabet est accessible à tout le monde. Le graffiti a permis à beaucoup de jeunes d’expérimenter les formes, le dynamisme, etc. On arrive à voir si ça vient du poignet, du coude ou de l’épaule, et le déplacement des jambes si c’est plus grand. On voit en un coup d’oeil un paquet de mouvements qui sont enregistrés là comme à travers la danse. Là nous parlons plutôt des tags ou des throw up exécutés assez rapidement et pas des fresques plus élaborées."
L’artiste confie également d’où vient son nom."On passe des mois, voire des années à se chercher des noms, ou chercher des enchaînements de lettres. Je suis tombé sur “Mode”, parce qu’il y avait un Code dans un livre, “Subway Art”, sorti en 1984, et quand j’ai rencontré l’artiste Bando à Londres en 1985, j’ai vu qu’il y avait déjà un Mode à New York donc j’ai rajouté le “2."
La Réunion compte aussi de bons graffeurs, Mode 2 connaît au moins l’un d’entre eux. "Je connais Jace, c’est un ami. On s’était rencontré à un Festival à Rouen. Je suis venu à La Réunion en 2003 lors d’un Festival à Saint-Leu. Je ne connais pas tout le monde sur la scène locale. Des scènes se développent partout sur la planète. Il y a des jeunes qui veulent expérimenter avec des formes et des couleurs."
"Chacun essaye de développer son style et se démarquer des autres en essayant de ramener un peu de soi-même. En même temps nous sommes là grâce aux pionniers de New York, qui ne profitent quasiment pas de tout ça et meurent dans le quasi anonymat. Une culture a toujours des racines, il faut toujours aller vers les racines de quelque chose que l’on aime, pour avoir une meilleure compréhension de ce qu’on est en train de faire."