Sigolène Vinson, l’une des survivantes de l’attaque terroriste contre Charlie Hebdo livre son témoignage dans la presse. Elle était en conférence de rédaction ce mercredi 7 janvier.
Sigolène Vinson était avec Charb, Cabu, Wolinski et tous les autres, raconte Gala aujourd’hui. Elle a répondu en larmes aux questions des journalistes, mais ses propos ont été déformés et mal retranscrits.
"Des choses ont été dites qui ne sont pas exactes", a-t-elle lancé.
Aujourd’hui, la quadragénaire a décidé de livrer son témoignage avec calme et précision. Elle est revenue minute par minute sur le déroulement du massacre, depuis les "pop, pop" des kalachnikovs entendus à travers la porte, à la découverte de ses amis, sans vie.
Encore sous le choc, la journaliste a raconté l’instant qui aurait pu la faire basculer de la vie à la mort. Alors que les deux terroristes entrent dans la pièce et que les balles sifflent, elle rampe vers une cachette.
Soudain, des pas s’approchent, une kalachnikov se braque sur elle. Sigolène Vinson lève ses yeux et croise le regard de Saïd Kouachi. "Je l’ai regardé. Il était parti pour me tuer. Je n’ai pas baissé les yeux. Je l’ai regardé sans haine, peut-être sans peur, et j’ai vu son expression changer. Je ne saurais pas dire de quelle façon, mais il a changé. Soudain, il a perdu son aplomb", a-t-elle confié.
Elle n’oubliera jamais la réponse de Saïd Kouachi : "N’aie pas peur. Calme-toi. Je ne te tuerai pas. Tu es une femme. On ne tue pas les femmes. Mais réfléchis à ce que tu fais. Ce que tu fais est mal. Je t’épargne, et puisque je t’épargne, tu liras le Coran”, lui dit-il.
Puis Saïd Kouachi s’en va. Sigolène Vinson se lève et découvre ses amis à terre. Sous le choc, elle porte secours à quelques blessés, appelle les pompiers et ne cesse de répéter au téléphone : "C’est Charlie, venez vite, ils sont tous morts".