Médecins, pharmaciens, dentistes ou vétérinaires ont été très nombreux à cesser leur activité hier. Ils sont remontés contre le projet du gouvernement de réformer les professions réglementées.
Les professions libérales ont fait preuve de solidarité, rapporte ce matin Le Figaro. La quasi-totalité des études notariales ont étaient fermées à 15h, hier, même tendance pour les laboratoires d’analyses médicales, les pharmacies, les cabinets médicaux. La moitié des cabinets dentaires, de podologie et d’infirmiers, les bureaux d’architectes, les cliniques vétérinaires ont gardé porte close. Il en est de même pour les cabinets d’avocats de province, même si le barreau de Paris s’est désolidarisé du mouvement. Opérations escargots, rassemblement et sit-in ont également marqué la journée. Les salariés ont emboîté le pas de leurs employeurs, les étudiants n’étaient pas en reste.
Michel Chassang, président de l’Union nationale des professions libérales (Unapl) a déclaré « C’est une journée historique. La grève est extrêmement suivie dans tous les secteurs. Nous n’avions pas appelé à manifester et pourtant beaucoup ont défilé », tout en précisant que des permanences et la continuité de la justice étaient assurées
L’objet de la colère, c’est le projet de loi « Croissance et pouvoir d’achat » d’Emmanuel Macron qui veut libéraliser les professions réglementées. Un élément fait particulièrement hérisser les poils des professionnels : l’ouverture du capital des sociétés d’exercice libéral (SEL) à des non-professionnels. Ils craignent la mainmise des banques, des compagnies d’assurances et des fonds de pension sur leur outil de travail. C’est une « ligne rouge infranchissable », martèle Michel Chassang.
Le gouvernement fait preuve de détermination face à l’ampleur de la mobilisation. Le ministre de l’Economie a tenté de convaincre sur le bien-fondé de sa réforme, tout en niant la paternité qu’il attribue à Arnaud Montebourg, son successeur. « Ces manifestations sont légitimes mais semblent à contretemps. On a l’impression qu’elles sont une réaction aux propos de juillet (tenus par Arnaud Montebourg, ndlr) plutôt qu’à la réalité actuelle des discussions », indique-t-on à Bercy.
Si le calendrier reste inchangé, la concertation se poursuit autour de trois objectifs : moderniser les professions réglementées, assouplir la réglementation, faciliter l’accès des jeunes à ces métiers. « On peut définir des conditions à l’ouverture du capital des SEL pour protéger certaines professions », explique-t-on dans l’entourage de Macron. « Beaucoup de peurs et de fantasmes sont agités en dehors de toute rationalité, puisque par exemple vétérinaires et médecins libéraux ne sont pas concernés par la réforme ».
Michel Chassang réplique : « On prend acte de la volonté d’ouverture du ministre ». Il dit par contre ne pas lever l’alerte, car de nouvelles actions sont prévues alors que la concertation était toujours en cours.