La tension reste vive à Mandritsara, après le meurtre de la religieuse française Marie Emmanuelle. Une manifestation a dégénéré en émeute au cœur de cette petite ville. Bilan : 2 morts, 8 blessés et 2 maisons brûlées.
La population de Mandritsara ne décolère pas, au lendemain des obsèques de Germaine Emmanuelle Helesbeux, communément appelée sœur Marie Emmanuelle, retrouvée morte étranglée samedi dernier dans un marché de bovidés, non loin de cette petite ville du nord-ouest de la grande-île.
La mort de la religieuse française, installée dans le pays depuis de nombreuses années, a donné lieu à une violente manifestation dans la soirée du lundi 4 mars. La situation a dégénéré en émeute devant la prison, lorsque des centaines de manifestants, armés de machettes et de couteaux, ont réclamé la tête des présumés meurtriers. Près de 150 individus, furieux, sont descendus dans la rue pour dénoncer ‘ce crime odieux’ et demander que les principaux accusés « leur soient livrés pour subir la vindicte populaire », rapporte L’Express de Madagascar.
Le quotidien ajoute que des pillages ont éclaté, visant des boutiques situées au cœur de la petite agglomération, tandis que les maisons de deux des prévenus ont été incendiées par la foule en furie.
La manifestation, qui a débuté devant le commissariat de police, a connu un dénouement tragique à l’entrée de la prison de la ville, où étaient placés en détention préventive les trois suspects. Aux alentours de 18h30, les manifestants ont tenté de s’introduire dans le centre carcéral pour essayer d’arracher les trois détenus des mains des pénitentiaires. C’est alors que ces derniers ont ouvert le feu, faisant deux morts et huit blessés parmi la foule.
« L’une des personnes tombées sous les balles des agents pénitentiaires a été tuée sur le coup, si la deuxième a succombé sur son lit d’hôpital », mardi matin. Parmi les blessés, certains ont été frappés de projectiles dans les jambes, en plein ventre et sur la poitrine, détaille L’Express de Madagascar.
Au lendemain de cette journée meurtrière, les présumés assassins de la religieuse ont été transférés vers la maison de force de Tsiafahy, à Antananarivo. Les détenus sont attendus dans la prison de la banlieue tananarivienne ce mercredi. Entretemps, une forte délégation gouvernementale, composée de quatre ministres, dont la ministre de la Justice Christine Razanamahasoa, son collègue de l’Intérieur, Florent Rakotoarisoa, celle de la Décentralisation Ruffine Tsiranana, et celui de l’Enseignement supérieur Etienne Hilaire Razafindehibe, s’est rendue sur place pour tenter de désamorcer la tension.
La dépouille de la Sœur Marie Emmanuelle a par ailleurs été inhumée lundi 4 mars au cimetière des missionnaires à Mandritsara. Près d’un millier de personnes ont assisté aux funérailles dans une immense émotion.