Un taux de chômage élevé, une économie tournée vers l’importation... La liste est bien longue concernant les indicateurs qui témoignent de la difficulté dans laquelle les Mahorais vivent actuellement. Deux rapports ont été portés à la connaissance du public récemment, faisant état d’une « situation sociale explosive » dans le 101è département français.
Deux cabinets mahorais à savoir le SIKAJOB (Études et enquêtes statistiques) et SECAFI (Expertise, assistance et conseil), ont publié chacun un rapport sur la situation économique et sociale de l’île. Ces documents ont été décortiqués par l’Observatoire des prix lors d’une réunion vendredi dernier durant laquelle plusieurs syndicats et associations de consommateurs ont participé activement au débat.
Dans le domaine social, les deux rapports indiquent un faible taux de scolarisation avec « 44% des plus de 15 ans qui n’ont jamais été scolarisés en 2007 » ou encore l’absence d’accès aux soins pour près d’un quart de la population totale.
Au niveau de l’
emploi, le chômage touche particulièrement les jeunes Mahorais qui sont pourtant plus nombreux sur l’île. Le dernier recensement de 2009 indique effectivement que «
ce département est le plus jeune de France puisque 54% de ses habitants ont moins de 20 ans ».
Ainsi, en tenant compte des « personnes disponibles mais ne recherchant pas d’emploi », on arrive à un taux de chômage de 51%. De plus, le nombre d’allocataires de chômage est encore très faible par rapport aux autres DOM : « 270 pour 8.823 demandeurs d’emploi en février 2011 et pour un montant annuel moyen de 2.793 euros par allocataire, soit un quart du SMIG… ».
Pour les allocations retraite et familiales, elles sont respectivement 4 et 3 fois moins importantes que dans les autres départements.
La situation économique est toute aussi désolante sur l’île. Un manque de professionnalisme pénalise toujours le secteur primaire de la pêche, de l’aquaculture et de l’agriculture tandis que celui BTP est dans une « situation préoccupante ».
Récemment, un rapport de la mission ministérielle avait dénoncé « des erreurs commises en matière d’urbanisme et d’architecture lourdes de conséquences sociales et économiques » pour l’île. Sans parler de l’insuffisance des commandes publiques qui a une lourde conséquence sur le développement de ce secteur.
Dans le domaine touristique, une faible progression a été notée en 2011 mais toujours est-il que « la fréquentation touristique reste faible, freinée par le coût élevé du transport aérien ».
Par ailleurs, la vie chère à Mayotte s’explique en partie par le coût des importations. Les rapports révèlent en effet que « 30,6% du coût total d’un conteneur de 20 pieds (EVP) de farine en provenance de métropole est dû au fret ».
Puis, « 0,2% est imputé au pilotage, 0,3% au remorquage, 0,1% au lamanage (amarrage), 0,2% à la redevance sur navire, 3,2% à la redevance sur marchandises prélevée par le Conseil général puis redistribuée pour 50%, 57,7% de taxe de consommation, 7% pour l’acconage (déchargement, SMART), 0,5% pour les frais de stationnement sur les quais et 5,4% pour les transitaires (transport de la marchandise vers son propriétaire) ». A leur arrivée donc, les marchandises accusent une hausse importante qui dépasse largement le pouvoir d’achat des ménages mahorais.
Une situation qui a justement rallumé la colère des organisations syndicales et des associations de consommateurs sur l’île qui ont décidé de reconduire leur manifestation depuis la semaine dernière.
L’appel au rassemblement du samedi 12 mai a été cependant un fiasco. Une cinquantaine de manifestants seulement ont répondu présents. « Nous avons peu communiqué sur cette manifestation » tente d’expliquer Maoulida Mohamed de la Société civile de Solidarité mahoraise.
Il s’agit donc d’un deuxième échec pour les meneurs de cette lutte contre la vie chère. En avril dernier, ils avaient déjà décrété « une semaine sans achat » mais ce « boycott » des grands magasins n’a pas été suivi par la population. Plusieurs foyers se sont rendus malgré l’appel dans les supermarchés pour s’approvisionner.
Source : Malango Actualités