Les plaidoiries des avocats de la défense s’enchaînent à la cour d’assises de Saint-Denis, dans le cadre de l’affaire de l’évasion de Juliano Verbard. Au regard des lourdes peines requises, les avocats pointent du doigt un acharnement.
Après les réquisitions de l’avocate générale hier, la parole est donnée à la défense tout au long de cette journée. L’occasion de revenir sur les faits reprochés aux accusés et de tenter de minimiser le rôle des complices dans cette affaire.
Pas moins de 14 personnes comparaissent pour avoir participé à des dégrés différents à l’évasion de Juliano Verbard, le gourou de la secte "Coeur douloureux et immaculé de Marie", alias "Petit Lys d’Amour". Le 27 avril 2009, le gourou pédophile condamné pour viols sur mineurs s’est évadé avec son amant Fabrice Michel et le père de celui-ci Alexin Michel à bord d’un hélicoptère. Ce sont les disciples de la secte qui ont tout organisé et pris en otage le pilote de l’hélicoptère Yann Morvan et son mécanicien Stéphane Libel.
Ce jeudi est un moment décisif pour les jurés de la cour d’assises, considérant les lourdes peines de prison requises hier. La représentante du Ministère Public a requis 20 ans de prison ferme à l’encontre des trois fugitifs et des peines d’emprisonnement allant de 18 ans à 6 mois pour les autres accusés. La défense dénonce un acharnement contre les femmes et les hommes qui font partie de la secte.
Maître Cerveaux, représentant Jean-René Gens, a tenté d’expliquer à la cour pendant près d’une heure et demi que son client n’était pas au courant du plan de l’évasion. "Jean-René Gens n’est pas un dangereux criminel, il ne recommencera pas", lance t-il à la cour. "Vous allez juger un homme qui est sous l’emprise de l’ordre de saint charbel, il n’est qu’un suiveur, un brave soldat… », a poursuivi l’avocat.
A l’image de Maître Nicolas Normand hier, les avocats n’ont cessé de marquer la différence entre l’évasion de Juliano Verbard et celle d’Antonio Ferrara - grande figure du banditisme français - pour souligner la sévérité de l’avocate générale. Selon eux, l’évasion spectaculaire de Domenjod n’a pas été aussi violente que celle de Fresnes et les réquisitions sont incompréhensibles.
C’est ensuite Maître Clify, l’avocate de Graziella Daleton (Michel) qui a plaidé à la barre. Selon elle, le fait que sa cliente soit une ancienne adepte de l’ordre de Saint-Charbel est la principale raison de l’accusation de complicité d’enlèvement, de détournement d’aéronef et d’évasion. « C’est sa mere qui l’a mise au courant du plan de l’évasion », assène Maitre clify aux jurés, en ajoutant, que « l’avocat general demande des condamnations lourdes, dans le secret espoir de dissoudre le groupe de prière ". Conformément à la ligne de défense adoptée depuis le début, la faute est rejetée sur Guillaume Maillot, accablé par Graziella Michel et désigné comme l’instigateur de l’évasion.
L’audience a été suspendue et reprendra cet après-midi avec les plaidoiries des autres avocats de la défense. Le Bâtonnier Georges André Hoarau sera le dernier à s’exprimer, avant le verdict attendu demain après-midi.