Privés de baignade durant le premier week-end des vacances, les habitués des sites de Boucan Canot et des Roches Noires voulaient croire au retour du drapeau orange ce lundi. Mais c’était sans compter l’observation d’un squale au niveau du spot Kashra hier matin. Par mesure de précaution, la Mairie et la Préfecture ont décidé de maintenir l’interdiction de baignade et d’activités nautiques. Pour les usagers, comme pour les commerçants de Saint-Gilles qui assurent voir leur activité mourir à petit feu, il y a urgence. L’altercation qui a opposé un administré à un professionnel témoigne d’une situation plus qu’explosive.
En période de vacances scolaires, Boucan Canot et les Roches Noires sont en général noires de monde. C’est en tout cas ce qui se produisait avant les attaques mortelles de requins. Mais depuis plus de quinze jours, le drapeau rouge flotte sur ces deux plages et les familles n’ont eu d’autre choix que de s’adapter. Les plages de l’Etang-Salé, de Saint-Leu, de l’Ermitage sont prises d’assaut alors que dans le même temps les deux sites d’ordinaire les plus fréquentés de l’île sont désertés.
Si les usagers ont trouvé une alternative, pour les commerçants, la situation est bien plus compliquée. Restaurateurs et anonymes se sont rassemblés autour d’une pétition, dans laquelle ils exposent les conséquences néfastes de l’interdiction de baignade et fustigent l’inaction des pouvoirs publics, incapables selon eux d’adopter des mesures efficaces.
Les tensions ne cessent de s’accentuer au fil des jours et on ne compte plus les altercations entre les administrés de Saint-Paul et les professionnels mécontents. Pour preuve, hier encore, un commerçant de Boucan Canot, a dénoncé le "dérapage" d’Emmanuel Séraphin, l’un des adjoints d’Huguette Bello. Mettant en avant la " sécurité publique" et "l’intérêt public" pour justifier la fermeture des plages aux baigneurs, Emmanuel Séraphin a répliqué au gérant du restaurant Le Boucanier : "Nous on habite ici, on sait ce que c’est". Ces propos ont fait bondir le commerçant qui parlait hier d’une position "raciste" et établissait le parallèle avec les déclarations chocs de la députée-maire Huguette Bello ("C’est mon pays, je connais mon pays.")
Alors que la colère gronde du côté des professionnels, aucune réelle solution n’a pour l’heure été décidée par les autorités qui disent avoir besoin de temps pour étudier les problèmes liés au risque requins, adapter le dispositif de surveillance aux abords des plages, et réorganiser la réglementation de la baignade et des activités nautiques. Le drapeau rouge devrait flotter durant quatre jours encore sur les sites de Boucan et des Roches Noires, au grand dam des professionnels.