Avec la crise, les violences envers les enfants à Madagascar ont pris des proportions inquiétantes. C’est le triste constat de la police des mœurs et de la protection des mineurs, relayé par les médias locaux ce jour.
La découverte d’une
fillette mutilée vendredi dernier à Ambohidratrimo n’est qu’une cruelle illustration, parmi tant d’autres, des formes de maltraitances subies par les enfants malgaches. Pour l’instant, l’enquête sur cette affaire suit son cours sans aboutir à des avancées majeures.
Selon le chef du service central de la police des mœurs et de la protection des mineurs, Mme Raheliarisoa, " Les cas de violences physiques envers les enfants sont passés à 509 en 2010 contre 440 en 2009 ".
Le bilan établi par la police fait aussi état d’une forte augmentation de tentatives d’agression sexuelle à l’encontre des mineurs.
" Les cas de tentatives de viol ont doublé, passant de cinq en 2009 à dix en 2010 ", a rapporté la responsable de la police. Des chiffres qui ne tiennent toutefois pas compte d’innombrables cas passés sous silence ou traités à l’amiable.
Selon la police des mœurs et de la protection des mineurs, cette hausse de la violence s’explique en grande partie par l’impasse politico-économique que traverse le pays depuis près de deux ans. Les enfants deviennent donc malgré eux des victimes expiatoires de la crise.
" Nombreux sont les parents qui ont divorcé à cause d’un problème financier. La mère ou le père a perdu son emploi suite à la fermeture de l’entreprise. Les enfants sont ainsi laissés parfois à leur propre compte sans aucune protection ", a expliqué Raheliarisoa dans les colonnes de l’Express de Madagascar.
Dans son rapport, la police a aussi fait mention de l’affaire des bonbons empoisonnés, à l’origine de la mort de deux enfants en décembre dans la banlieue d’Antananarivo. Il s’agirait des actes commis à des fins politiques, selon la brigade des mœurs.
Contactés par le quotidien l’Express de Madagascar, les organismes œuvrant dans le domaine de la protection de l’enfant n’ont pas émis beaucoup de commentaires sur le rapport de la police. Certains d’entre eux, comme la Plate-forme de la société civile pour l’enfance ou encore l’Action scolaire d’appoint pour Malgaches adolescents, prévoient de réorienter leur programme pour l’année en cours afin de concentrer les efforts là où les besoins se font sentir.
Mais l’opinion s’accorde à dire que la sensibilisation, l’éducation ou la scolarisation restent les principaux leviers de la lutte contre la violence faite aux enfants.