Le torchon brûle entre Laurent Gbagbo et l’ONU. Ce samedi, ce dernier a réclamé le retrait, dans les plus brefs délais, des 10 000 casques bleus et policiers de l’Onuci, s’opposant ainsi au renouvellement de leur mandat qui doit expirer le 31 décembre 2010.
Les Nations unies, par l’intermédiaire de son secrétaire général Ban-ki-Moon, ont opposé une fin de non-recevoir à cet appel. L’ONU maintient sa position et dénonce " des violations massives de droits de l’Homme ". Pour l’ONU ainsi que l’ensemble de la communauté internationale, Alassane Ouattara est le seul président légitime de la Côte d’Ivoire. De ce fait, Laurent Gbagbo est appelé à quitter le pouvoir.
Ce qui provoque la montée du sentiment anti-occidental dans le camp du président sortant. Gbagbo accuse l’ONU d’" ingérence ".
Peu avant que le régime Gbagbo ne lance son ultimatum à l’ONU, des troupes de l’Onuci à Abidjan ont été la cible des tirs de la part d’"hommes armés vêtus de tenues militaires". En effet, dans la nuit de vendredi à samedi, un groupe armé composé de six hommes en uniformes a tiré sur une patrouille de l’Onuci, alors que celle-ci se trouvait à l’entrée du siège de la mission. Ce qui a " obligé la sentinelle à riposter ".
Après cet incident, Ban-ki-Moon se dit déterminé à ce que l’Onuci continue de " surveiller et de rassembler les preuves concernant toute violation des droits de l’homme, incitation à la haine et à la violence ou attaque sur les casques bleus ". "Nous redoublons de vigilance et nous sommes préparés à tout", a-t-il averti.
La mission des casques bleus va se "poursuivre " mais "nous ne voulons pas de confrontation" avec des FDS, forces armées loyales à Gbagbo, a précisé le porte-parole de l’Onuci Hamadoun Touré.
De son côté, la Haut Commissaire aux droits de l’homme de l’ONU, Navi Pillay, s’est dite inquiète face aux "violations massives des droits de l’homme" en Côte d’Ivoire. Mme Pillay dénonce des centaines d’enlèvements perpétrés, selon ses dires, " par des individus armés non identifiés en tenue militaire, accompagnés d’éléments des Forces de défense et de sécurité (FDS) ou de milices ".
Laurent Gbagbo demande aussi le retrait des 950 militaires français de la mission Licorne qui appuient les troupes onusiennes.
Selon la France, la demande du président sortant ivoirien n’a "aucun sens, ni pour l’Onuci, ni pour la France ". Hier dans une émission de RFI et TV5 Monde, la ministre française de la Défense, Michèle Alliot-Marie, a par ailleurs rappelé qu’" il y a un droit à la légitime défense quand l’armée française est attaquée ". Et elle de souligner qu’ " il n’est pas question de prendre une initiative en la matière ".