Le Groupe Caillé est une histoire de famille. Elle débute en 1919 avec Caillé Frères, quand la marque Peugeot est représentée par une seule famille, les Caillé, ce qui en fait le plus ancien concessionnaire Peugeot au monde. Elle tourne une page importante de son histoire aujourd’hui lorsque François Caillé, petit fils de Jules va franchir la porte du tribunal de commerce pour demander un plan de sauvegarde de son groupe.
Selon les articles L620-1 et suivants du code de commerce, cette procédure de sauvegarde est "réservée aux débiteurs qui ne sont pas en état de cessation des paiements mais qui rencontrent des difficultés qu’ils ne peuvent surmonter et qui sont de nature à les conduire à la cessation de leurs paiements".
Il s’agit d’une procédure préventive, que seul François Caillé pouvait mettre en œuvre et axée autour du dialogue entre celui-ci et ses créanciers. Le Groupe Caillé qui avait entreprit la modernisation de ses modes de gestion a été rattrapé par la crise économique. Au pire moment. Depuis 2008 le groupe devait digéré une politique de croissance externe ambitieuse, notamment avec le rachat du Groupe Dindar. Opération difficile de l’aveu même de François Caillé, qui déclarait à l’époque : "au global, l’intégration du périmètre DINDAR s’est faite dans des conditions difficiles et a consommé, du fait du contexte de crise, des ressources financières importantes, beaucoup plus importantes que prévues. Nos activités automobiles traditionnelles ont vu leurs performances chahutées en fin d’année tandis que les activités Poids Lourds / Travaux Publics faisaient face à un véritable effondrement du marché au second semestre".
Avec une chute de 30 % du marché de l’automobile en 2009 le groupe n’a pas ménagé ses efforts pour tenter de sortir de la crise. Le plus spectaculaire : le changement d’enseigne avec le passage de Champion et Dia% à Leader Price. La rentabilité du Groupe, qui visait un milliard d’euro de chiffre d’affaires en 2010, en a pris un sacré coup. Le 9 juillet dernier le tribunal de commerce a même homologué un accord de conciliation entre le groupe et cinq banques de la Réunion pour un montant de 18 millions d’euros afin de sauver l’entreprise.
Aujourd’hui le Groupe passe de la conciliation à la sauvegarde. Et François Caillé va y jeter toutes ses forces. Ce diplômé de Harvard et d’HEC Paris, et président du Medef depuis 2005 est un poids lourd de l’économie locale et régionale. Il a à son actif presque 80 sociétés opérationnelles et emploie près de 2 800 personnes. Son fait d’arme : la prise progressive du contrôle du groupe familial qu’il préside depuis 1994.
C’est en 1983 que tout débute. Il devient directeur du secteur automobile, et dès 1988 diversifie son activité dans la grande distribution, en partenariat avec le groupe antillais de Bernard Hayot en ouvrant un hypermarché à l’enseigne de carrefour.
Le Groupe Caillé regroupe aujourd’hui trois grands secteurs d’activité : la branche automobile, la branche grande distribution et les secteurs divers avec des sociétés immobilières et des activités de poids lourds et engins de travaux publics, de location de voitures (budget) et de transport routier. Le groupe Caillé représente la marque Peugeot dans l’Océan Indien (hormis l’île Maurice) et détient quelques marques complémentaires comme BMW, Mini austin et Chevrolet à la Réunion.
"Il y a toujours eu un fils pour prendre la relève", expliquait Jacques Caillé, le père de François Caillé. Lequel Jacques avait succédé à son père Jules. Mais cette fois François Caillé est bien seul dans la tourmente. Il pourra compter sur un juge-commissaire, chargé de veiller au déroulement rapide de la procédure et à la protection des intérêts en présence, un mandataire judiciaire chargé de représenter les créanciers et agir en leur nom, et un administrateur judiciaire qui l’assistera même si François Caillé continuera à assurer l’administration de son entreprise. Loin d’un conseil de famille.
Pour le PDG du Groupe, une période d’observation d’une durée maximale de 6 mois vient de s’ouvrir. Cela permettra de procéder à l’inventaire du patrimoine du débiteur, au diagnostic économique et social de l’entreprise ainsi qu’à l’élaboration d’un plan de sauvegarde. François Caillé conservera son pouvoir de gestion, l’administrateur nommé par le tribunal n’assurant qu’une mission d’assistance ou de surveillance.
Toutefois, le tribunal peut rejeter la demande de sauvegarde lorsque le débiteur est en état de cessation des paiements. Il pourra alors faire convoquer le débiteur par un huissier de justice aux fins de statuer sur l’ouverture d’une procédure de redressement ou de liquidation judiciaire. Le Groupe Caillé qui auditionne aujourd’hui l’ensemble de son personnel, devrait être au courant de sa situation mercredi matin.