Connue comme étant la grande nuit consacrée au seigneur Shiva, Mahashivaratri est une fête hindoue peu connue à la Réunion mais qui a sa place dans la culture réunionnaise.
Alors que la fête de Mahashivaratri passe beaucoup plus inaperçue comparée aux manifestations qui accompagnent le Kavadi, le Dipavali ou les marches sur le feu, elle occupe tout de même une place importante pour les Malbars réunionnais de religion hindoue. Dans ce reportage, découvrez l’essentiel de cette fête hindoue en hommage au dieu Shiva.
Le rituel autour de Mahashivaratri
Mahashivaratri ou la grande consacrée au seigneur Shiva se déroule en février/mars. La célébration de cette fête hindoue est marquée par un jeûne de toute une journée et une veille toute la nuit. La coutume veut que les participants accomplissent une pûjâ toutes les trois heures de 18 h à 6 h du matin, soit quatre pûjâs. Au cours de la première pûjâ, une cérémonie d’offrande et d’adoration de l’hindouisme, on verse du lait sur le Shiva Linga, ensuite à 21 h du lait caillé, puis à minuit du beurre clarifié et enfin à 3 h du miel.
En Inde, une grande melâ (rassemblement de fidèles) se déroule en présence des sages sur le Mont Girnar (point culminant du Goujerat). Les femmes sont les plus enthousiastes pendant la célébration. Celles qui sont mariées font des prières pour leurs époux et leurs fils, les demoiselles prient pour avoir un mari idéal, semblable à Shiva. En réalité, les femmes imitent Pârvatî qui, selon la légende, priait beaucoup et pratiquait les austérités (tapas) toute la journée que son mari Shiva soit préservée des dangers de la nuit sans lune.
D’après les textes sacrés, les offrandes au Seigneur Shiva doivent être composées de feuilles de Bili, réputées pour calmer la divinité au sang chaud et représentant la purification de l’âme. Il faut également de la pâte de vermillon symbole de la vertu et appliquée sur le Lingam et de la nourriture qui contribue à la longévité et à la satisfaction des désirs. Les participants au Mahashivaratri n’oublieront pas non plus l’encens, censé apporter l’abondance, une lampe allumée, pour l’acquisition du savoir ainsi que des feuilles de bétel qui symbolisent la satisfaction des plaisirs profanes.
Qui était le dieu Shiva ?
Le dieu Shiva était le troisième membre de la Trimûrti hindoue. Il est célébré durant sa Grande Nuit, principalement sous sa forme du symbole phallique connu sous le nom de Shiva Lingam. Le MahaShivaratri se déroule le treizième jour du mois de Mâsi. En réalité, chaque mois est composé d’une Shivaratri, mais celle de Mâsi est la plus importante.
La légende sur l’origine de cette célébration
La légende de cette cérémonie évoque un pauvre homme, un grand dévot du Seigneur Shiva, qui recherchait du bois de chauffage, dans une sombre forêt. A la tombée de la nuit, il s’est perdu en route et n’a pas retrouvé le chemin pour rentrer chez lui. Dans la nuit, alors qu’il était effrayé par le cri des tigres, il escalada dans l’arbre le plus proche, pour être en sécurité jusqu’au lever du soleil. Pour éviter de s’endormir, il avait alors cueilli des feuilles de l’arbre et les avait laissé tomber à terre en chantant le nom de Shiva. Lorsque les premiers rayons de soleil sont apparus et l’homme s’est aperçu que les feuilles étaient tombées sur un "Shiva Linga" qui était au pied de l’arbre. Content de ce travail inconscient, le seigneur Shiva éloignait les tigres et bénissait ce pauvre homme. Depuis ce jour, cette histoire est racontée toutes les nuits de MahaShivaratri.
Le MahaShivaratri à La Réunion
Comparée à l’île Maurice qui fait de MahaShivaratri la plus importante de l’année, les Malbars réunionnais de religion hindoue sont beaucoup moins portés sur le MahaShivaratri. Il est marqué par une nuit de veille, au temple par des fidèles. Les pûjâ(s) ont lieu à plusieurs reprises, rythmant ces heures nocturnes. En d’autres termes, il s’agit de veiller, de la tombée de la nuit au lever du jour, résister au sommeil, qui représente déjà une offrande de soi-même, mais aussi une de ces "promesses" de la réalisation à partir desquelles vont dépendre la grâce divine et l’acquisition d’une faveur. Aujourd’hui, la célébration a beaucoup évolué et s’articule autour de rituels organisés par un prêtre. Les fidèles prennent de l’eau à la rivière avec laquelle ils vont effectuer un bain de statues durant la nuit au temple. Des chants et des musiques accompagnent ensuite la cérémonie.