Six personnes ont été contaminées lors de la réparation d’un appareil radioactif dans une fonderie de la Loire, un évènement qualifié de "très rare" jeudi par l’Autorité de sûreté du nucléaire (ASN) et qui montre la difficulté d’utiliser le nucléaire en milieu industriel.
LYON (AFP) - Six personnes ont été contaminées lors de la réparation d’un appareil radioactif dans une fonderie de la Loire, un évènement qualifié de "très rare" jeudi par l’Autorité de sûreté du nucléaire (ASN) et qui montre la difficulté d’utiliser le nucléaire en milieu industriel.
L’ASN a classé cet évènement au niveau 2 de l’échelle Ines, qui mesure en 7 paliers la gravité des incidents nucléaires, soulignant cependant qu’il est "très rare de voir autant de personnes contaminées et une source radioactive qui n’a plus qu’une seule barrière de protection avec l’environnement".
Il y a eu quatre incidents nucléaires de niveau 2 en 2009 en France.
"La contamination, bien que significative, ne semble pas être inquiétante pour la santé de ces personnes", a toutefois ajouté l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN).
L’incident, survenu à Feurs (Loire), à la fonderie Feursmetal, remonte à mercredi : deux salariés de la fonderie, deux autres du groupe Cegelec et deux experts de l’IRSN s’étaient rassemblés pour réparer un gammagraphe, outil utilisé notamment pour vérifier la qualité des soudures de pièces en métal, et qui contient quelques millimètres de cobalt 60, matière radioactive.
Ils ont utilisé un robot télécommandé pour scier un tuyau souple, long de plusieurs dizaines de centimètres, dans lequel la source radioactive était coincée.
Par malchance, le robot a scié le tuyau à l’endroit précis où se trouvait le cobalt, le dispersant dans l’atmosphère du bunker en béton dans lequel se déroulait l’opération pour éviter toute irradiation.
A l’ouverture du bunker à la fin de l’opération télécommandée, les six salariés, non protégés, ont été exposés à des particules radioactives.
Leurs dosimètres ont détecté l’anomalie et ils ont été conduits à l’unité hospitalière de la centrale nucléaire de Saint-Alban (Isère), la plus proche à être équipée des moyens d’analyse adaptés. Ils y ont passé la nuit avant d’en sortir jeudi après-midi.
Un suivi médical sera assuré dans les prochains jours par l’IRSN en région parisienne, afin de mesurer la dose exacte qu’ils ont reçue.
"Ils vont bien, et les premières analyses montrent que les risques pour leur santé future sont extrêment faibles", a indiqué à l’AFP Patrick Gourmelon, directeur de la radioprotection de l’homme à l’IRSN.
"Il faudrait une exposition 10 à 20 fois plus élevée pour déclencher des risques significatifs de cancers", a-t-il ajouté.
A Feurs, où la majorité des 360 salariés de la fonderie ont repris le travail, des experts de l’IRSN ont mesuré jeudi une éventuelle contamination de l’environnement.
"Il faut vérifier si le bunker contaminé, qui est la seule barrière entre le cobalt et l’environnement, est étanche, puis déterminer si la source a été entièrement pulvérisée ou si elle existe encore, afin de décider dans les jours ou semaines à venir comment décontaminer les lieux", a expliqué Philippe Dubiau, de l’IRSN.