Viols en série dans le tennis : une sud-coréenne sort du silence

Kim Eun-hee a débuté le tennis à l’âge de 10 ans. Mais le brillant avenir qui l’attendait s’est transformé en cauchemar. Dans un entretien exclusif avec l’AFP, elle a décidé de briser le silence pour dénoncer les agressions sexuelles infligées aux sportives par leurs entraîneurs.

Abusée pendant deux ans

A cet âge, commente-t-elle en premier lieu, "je ne savais même pas ce qu’étaient les relations sexuelles", mais juste en voyant son entraîneur, elle avait peur. D’autant plus que ce dernier lui ordonnait d’aller dans sa chambre. "Je savais la douleur et l’humiliation", confie-t-elle. "Il m’a fallu des années pour réaliser que c’était du viol", raconte Kim Eun-hee. "Et pendant deux ans, il n’a pas cessé de me violer. Il me disait que c’était un secret entre lui et moi", a-t-elle révélé.

Des viols et des coups

Aujourd’hui, Kim Eun-hee a 27 ans et elle veut dénoncer les abus sexuels dans le monde sportif, particulièrement dans son pays où la société est "ultra-concurrentielle" incitant les jeunes à gagner plus que tout. A ce titre de nombreux jeunes athlètes quittent leur famille pour s’entraîner avec leurs pairs et leurs entraîneurs, vivant pendant des années dans des dortoirs. Kim Eun-hee dénonce ainsi cette situation. "L’entraîneur était le roi de mon monde, il dictait tout de ma vie quotidienne, de la façon de faire les exercices au moment où je devais dormir et ce que je devais manger", raconte-t-elle. Son entraîneur ne s’est pas contenté de la violer mais il lui donnait également des coups.

Aucune poursuite judiciaire

Des parents se sont finalement plaints du "comportement suspect" de l’entraîneur qui a été immédiatement renvoyé. Mais comme le confie Kim Eun-hee, il a juste changé de centre, sans aucune poursuite judiciaire. La tenniswoman a continué de jouer au tennis gagnant le bronze en double au festival national du sport sud-coréen. En 2016, elle a croisé son agresseur lors d’un tournoi. "J’étais horrifiée de voir que mon violeur avait continué à entraîner des jeunes joueuses de tennis pendant plus de dix ans comme si de rien n’était", raconte-t-elle. "Je me suis dit : ’Je ne vais pas le laisser continuer à agresser des petites filles’", se remémore-t-elle.

Des années après les faits, Kim Eun-hee a déposé plainte contre son agresseur, qui fut renvoyé en procès. Elle a été soutenue par quatre de ses amies qui ont témoignées sur les abus sexuels qu’il leur avait infligés. En octobre 2017, il a été condamné à 10 ans de réclusion.

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