Roger Federer a bénéficié d’un tableau beaucoup plus favorable que Rafael Nadal lors du tirage au sort de Roland-Garros effectué vendredi.
PARIS (AFP) - Roger Federer, malgré un tirage favorable, devra s’accrocher s’il veut défendre son titre à Roland-Garros qui commence dimanche, car Rafael Nadal arrive gonflé à bloc pour laver l’affront de son élimination en huitièmes l’année dernière et remporter un cinquième titre à Paris.
Vainqueur des trois Masters 1000 sur la surface, à Monte-Carlo, Rome et Madrid, le Majorquin avance en indiscutable favori du tournoi même si le tirage au sort a placé pratiquement tous les outsiders dans sa partie de tableau.
Avec Verdasco, Almagro ou Gonzalez comme adversaires potentiels en quarts, puis Ferrer, Ferrero ou Djokovic en demi-finale, son programme est nettement plus copieux que celui de Federer qui n’a aucun véritable terrien dans ses parages à part peut-être Monfils.
Cela n’empêche pas Nadal d’aborder en force un tournoi dont il a fait son jardin, l’emportant à ses quatre premières participations, avant qu’il ne soit retourné par le Suédois Robin Soderling l’année dernière.
Blessé aux genoux, Nadal allait ensuite déclarer forfait pour Wimbledon, perdre sa place de N.1 mondial au profit de Federer et connaître une traversée du désert de onze mois sans le moindre titre.
Mais depuis qu’il a mis fin à la disette, en remportant à la mi-avril le tournoi de Monte-Carlo en ne perdant que quatorze jeux au total, il vole de nouveau comme un avion et arrive à Paris invaincu sur terre battue cette année.
"Je suis en pleine forme", confirme Nadal, qui a récupéré de justesse sa place de N.2 mondial grâce à sa victoire à Madrid, et Federer, qui ne pourra du coup le rencontrer qu’en finale, le croit sur parole.
"On s’étonne que +Rafa+ soit redevenu super fort alors qu’avant on disait qu’il était nul, ironise le N.1 mondial. C’était comme s’il avait perdu onze mois au premier tour, alors qu’il était toujours en demi ou en finale. J’ai vécu un peu moi-même la misère de la presse, les critiques, alors je sais que ça n’a pas été super rigolo pour lui. Mais pour moi il n’était jamais parti."
Devenu un maître zen depuis qu’il a complété sa collection en Grand Chelem grâce à son sacre à Paris l’an dernier, après trois finales perdues, le Suisse aborde le tournoi en toute sérénité au sortir d’un printemps où tout le monde, sauf lui apparemment, s’est soucié de son degré de forme.
Médiocre à Rome et Estoril, il est monté en régime à Madrid pour arriver à température au bon moment, lui qui ne vit plus que pour les grands événements.
"On peut gagner tous les tournois avant mais le bilan de ta saison sur terre battue se fait en fonction de tes résultats à Roland-Garros. C’est peut-être malheureux mais c’est comme ça", dit-il.
Même la perspective de pouvoir perdre à Paris sa place de N.1 mondial, s’il est éliminé avant les demi-finales et que Nadal va au bout, ne l’émeut pas une seconde. "C’est secondaire", dit le Suisse qui, s’il reste en poste, égalerait le record de Pete Sampras (286 semaines sur le trône) au lendemain du tournoi et le battrait à coup sûr une semaine plus tard.
Pour perturber le mano a mano annoncé entre les deux cannibales, qui se sont partagés dix-huit des vingt derniers tournois du Grand Chelem, il faudra être très fort. En l’absence de Davydenko et Del Potro, les Espagnols et Djokovic s’annoncent comme les plus coriaces, davantage qu’un Andy Murray décevant depuis sa finale à l’Open d’Australie.
Pour le rôle du trublion, on mettrait bien une pièce sur Ernests Gulbis qui, après deux années d’errance, a pris un set à Nadal en demi-finale à Rome et un autre à Federer -qu’il avait battu au 2e tour à Rome- en quarts de finale à Madrid.
Mais au meilleur des cinq manches c’est une autre histoire et cela vaut pour tous les concurrents du duo infernal.