L’enthousiasme de ses supporteurs, l’aura de Nelson Mandela et même l’arme secrète de ses trompettes "vuvuzelas" ne devraient pas - sauf miracle - suffire à l’équipe nationale sud-africaine pour éviter l’humiliation d’une élimination dès le 1er tour du Mondial.
JOHANNESBURG (AFP) - L’enthousiasme de ses supporteurs, l’aura de Nelson Mandela et même l’arme secrète de ses trompettes "vuvuzelas" ne devraient pas - sauf miracle - suffire à l’équipe nationale sud-africaine pour éviter l’humiliation d’une élimination dès le 1er tour du Mondial.
L’Afrique du Sud deviendrait ainsi le premier pays organisateur d’une Coupe du monde de football à ne pas dépasser la phase de poules.
Pointant actuellement au 90e rang du classement mondial de la Fifa, les Bafana Bafana, considérés comme l’une des équipes les plus faibles de la compétition (11 juin-11 juillet), figurent dans le Groupe A aux côtés de la France, l’Uruguay et le Mexique.
Les inquiétudes sont alimentées par leur parcours chaotique depuis deux ans : élimination au premier tour après trois matches sans victoire à la Coupe d’Afrique des nations 2008, non qualification pour la CAN-2010 et série de matches amicaux sans relief depuis le retour de Carlos Alberto Parreira en octobre 2009.
Même la Coupe des Confédérations 2009, à domicile, fut mitigée avec une quatrième place finale, mais une seule victoire (contre la petite Nouvelle-Zélande...).
"Beaucoup disent que nous n’arriverons pas" à passer le premier tour, souligne Parreira, "mais nous n’allons pas écouter tous ceux qui ont un avis. La chose la plus importante est de nous concentrer sur notre priorité, qui est de dépasser la phase de poule".
Et si les bookmakers ne donnent pas cher de leur peau, les supporteurs, qui circulent dans les faubourgs de Johannesburg drapeaux au vent, croient encore un miracle possible.
En attendant, autant s’appuyer sur des certitudes et du concret, soit l’icône Nelson Mandela que l’équipe sud-africaine espère rencontrer avant le coup d’envoi du Mondial, même si rien n’a encore été officiellement annoncé.
Emmenés par leur capitaine Aaron Mokoena et Carlos Alberto Parreira, qui conduisit le Brésil au titre mondial en 1994, les Bafana Bafana feront tout pour aller chercher la bénédiction du Prix Nobel de la Paix âgé de 91 ans, qui a fait sa dernière apparition publique le 11 février dernier.
Car comment ne pas penser à la Coupe du monde de rugby remportée en 1995 par une Afrique du sud tout juste sortie de l’apartheid ? Et surtout à la façon dont Nelson Mandela avait fait des Springboks un instrument de réconciliation nationale, alors que cette équipe nationale était le symbole haï de la ségrégation aux yeux des Noirs.
Sans oublier non plus la victoire des Bafana à la Coupe d’Afrique des nations en 1996.
Milieu de terrain il y a 14 ans dans l’équipe d’Afrique du sud, Linda "Innocent" Buthelezi raconte à l’AFP comment Mandela arriva par surprise à l’hôtel des joueurs à la veille de la finale contre la Tunisie.
"Il est tellement humble, ses discours sont une telle source d’inspiration, et il a aussi un grand sens de l’humour. Lorsque nous avons été présentés, je l’ai pris dans mes bras", se souvient Buthelezi.
"Il nous a raconté qu’il avait passé 27 ans en prison et que nous, nous devions passer 90 minutes sur un terrain pour défendre l’honneur de notre pays et pouvoir soulever la Coupe des Nations", poursuit-il.
"Tous les joueurs, noirs, blancs, métis, nous avons alors pris conscience que cette Coupe serait la nôtre, dit-il encore. Comment pouvions-nous décevoir ce grand homme qui avait tellement donné pour que nous puissions jouer au football à un niveau international après des décennies de traversée du désert ?"