"On était si près du but !", lâche un supporter. La défaite du Ghana lors des quarts de finale du Mondial-2010 hier face à l’Uruguay (1-1, 4-2 t.a.b.) a plongé Abidjan dans le désarroi, le penalty manqué par les "Black Stars" privant l’Afrique de sa première demi-finale.
Dans le quartier Appolo de la commune populaire de Treichville, où vivent de nombreux ressortissants ghanéens, un écran géant avait rassemblé près de 2.000 personnes, une foule aux couleurs ghanéennes rouge-jaune-vert.
Le penalty raté par Gyan dans les dernières secondes de la prolongation, qui pouvait expédier pour la première fois un pays africain en demi-finale du Mondial, inspire des regrets éternels.
"Gyan nous a tués !" lance Kwessy, la main sur la tête et la mine défaite.
"Je suis découragé ! Je suis déçu !" s’écrie Daniel, réparateur de télévision, au milieu de ses appareils vétustes. "Dieu nous a donné un penalty et nous avons refusé ce cadeau céleste, nous sommes maudits", ose-t-il.
Le quartier avait des airs d’Afrique en miniature : Ivoiriens venus soutenir leurs voisins ghanéens, Sénégalais, Maliens, Guinéens et Maghrébins ont cru jusqu’au bout en leur bonne "étoile noire".
"Le Ghana nous a fait rêver, on espérait voir une équipe africaine en demi-finale, surtout dans une compétition planétaire qui se déroule pour la première fois sur le continent", explique Dieng, natif de Dakar, dans son kiosque à café.
"Dieu était uruguayen", croit savoir Mamadou, son client d’un soir, si déçu du résultat qu’il n’arrive pas à avaler la tasse de café devant lui.
La déception se lisait aussi sur le visage de nombreux propriétaires de petits commerces, qui escomptaient une victoire pour faire de bonnes affaires.
Au "ghetto", le QG des dealers, où se monnaie au vu et au su des passants du cannabis, l’activité s’est arrêtée pendant la compétition.
"Tout le monde s’attendait à une victoire du Ghana pour faire marcher la marchandise", dit Maxime, laconique, un drapeau ghanéen noué autour de ses dreadlocks.