Contrairement aux usages, Patrice Evra, capitaine depuis le début du Mondial, n’a pas accompagné son sélectionneur à la conférence de presse de veille de match alors que les Bleus ont repris l’entraînement hier matin.
Face au "désastre moral" dans lequel est plongé le football français, Roselyne Bachelot a rencontré les Bleus hier à Bloemfontein. La ministre des Sports a accusé les joueurs d’avoir terni l’image de la France. Elle les a aussi encouragés à se battre sur le terrain cet après-midi.
L’équipe qu’alignera Raymond Domenech face à l’Afrique du Sud pourrait être bien différente de celles formées au coup d’envoi des deux précédents matches. Avec un point récolté en deux matches sans inscrire le moindre but, la France doit battre les Bafana Bafana et espérer un résultat favorable entre le Mexique et l’Uruguay pour ne pas disparaître du Mondial dès le premier tour.
Renvoyé pour des insultes contre le sélectionneur à la mi-temps de la défaite 2-0 contre le Mexique, Nicolas Anelka devra déjà être remplacé en attaque. Plusieurs autres changements pourraient intervenir après le refus dimanche des joueurs de s’entraîner en signe de protestation contre l’exclusion de l’attaquant.
DOMENECH SEUL DÉCIDEUR
Prié de dire si certains pourraient ne pas avoir envie de jouer après les événements des derniers jours, Raymond Domenech a répondu : "C’est une possibilité qu’on va finaliser ce (lundi) soir avec le staff pour voir quelle équipe on met en place."
"Je pense à faire la meilleure équipe possible avec ces gens qui sont physiquement et psychologiquement aptes à passer au-dessus de cet événement dur, difficile, qui va user", a-t-il ajouté.
Raymond Domenech a en tout cas assuré qu’il ne se laisserait dicter aucun choix par les joueurs après leur fronde.
D’après Henri Monteil, secrétaire général de la FFF présent en Afrique du Sud lors de la mutinerie de dimanche, seule une poignée de joueurs a orchestré cette révolte et d’autres, désabusés, sont allés pleurer dans la chambre du sélectionneur.
Cité par la Charente Libre, il a évoqué les noms de William Gallas, Eric Abidal et Thierry Henry parmi les leaders possibles de la révolte.
Face à l’émoi suscité par l’attitude des joueurs, également critiqués par Zinedine Zidane, Roselyne Bachelot les a invités à affronter la situation en face.
"J’ai indiqué au cours d’une réunion de travail puis d’une prise de parole devant les joueurs que le football français affrontait un désastre moral", a-t-elle déclaré.
"La réalité de la situation, il faut l’affronter de face, ce n’est pas seulement un mauvais moment à passer, rien ne sera plus jamais comme avant", a poursuivi la ministre.
"J’ai dit aux joueurs (...) que c’est l’image de la France que vous avez ternie."
Face au spectacle fourni par les Bleus, les sponsors et partenaires de l’équipe de France commencent à s’inquiéter. Le Crédit Agricole a ainsi suspendu sa campagne télévisée tandis qu’Adidas s’est dit "consternée et attristée" par le climat dans lequel baigne l’équipe de France.