Tout devait sourire à Karim Benzema : titulaire à la pointe de l’attaque des Bleus au début de l’Euro-2008, annoncé comme un buteur d’élite, transféré pour une fortune au grand Real Madrid... Las, il n’est même pas dans la liste des 30 pour le Mondial.
PARIS (AFP) - Tout devait sourire à Karim Benzema : titulaire à la pointe de l’attaque des Bleus au début de l’Euro-2008, annoncé comme un buteur d’élite, transféré pour une fortune au grand Real Madrid... Las, il n’est même pas dans la liste des 30 pour le Mondial.
De mal en pis... Attendu comme un crack, successeur de Just Fontaine, Dominique Rocheteau, Jean-Pierre Papin et Thierry Henry, le prodige lyonnais, âgé de 22 ans, n’est même plus remplaçant chez les Bleus. Il paie son chiche temps de jeu au Real, Raymond Domenech ayant assez rappelé qu’il n’appellerait pas des hommes qui jouent peu en club (exception faite du capitaine Henry), mais surtout le manque de motivation affiché.
Son terrible et désarmant aveu après son entrée nonchalante contre la Roumanie en septembre ("Je n’avais pas envie de tout donner") pèse lourd. Erreur de jeunesse pardonnable ou non, cette sortie colle à la peau de Benzema. Les patrons Bleus l’avaient recadré, il est depuis allé à Canossa, mais il n’a plus jamais retrouvé la même place dans le groupe. Il est passé en une phrase de l’enfant prodigue à l’enfant gâté.
Son discours et son comportement ont ostensiblement changé, et les autres joueurs de l’équipe de France avaient fêté avec lui, en groupe, ses buts contre les Îles Féroé puis l’Autriche, lors des deux sélections suivantes.
Mais il n’a plus porté le maillot Bleu depuis, et son absence du groupe pour l’Afrique du Sud est un désaveu impitoyable. Il avait de toutes façons déjà perdu sa place dans le onze de départ, sa dernière titularisation dans un match de compétition remontait à un an avant sa déclaration, en septembre 2008 contre la Serbie. Transparent, il avait été remplacé à la mi-temps par Nicolas Anelka, batailleur et... buteur.
Benzema (27 sélections, 8 buts) a lancé une opération séduction une semaine avant la publication de la liste, il a clamé dans plusieurs médias français (RTL, L’Equipe...) son amour ("J’aime l’équipe de France, j’ai envie de jouer pour l’équipe de France et faire quelque chose extraordinaire"), mais trop tard.
André-Pierre Gignac et Djibril Cissé, intrinsèquement moins doués que Benzema, font eux preuve d’une attitude irréprochable et d’un appétit gargantuesque même pour quelques minutes en Bleu. Les problèmes générationnels entre jeunes et glorieux anciens évoqués par Gallas dans son livre ("La parole est à la défense") ont pu aussi jouer contre Benzema. Il n’a pas totalement dissipé la crainte, dans l’esprit du sélectionneur, qu’il pourrirait la vie du groupe s’il ne jouait pas.
Domenech, qui avait promis de "chasser les ego à coups de fusil", a tenu sa promesse.