Le plan d’invasion de l’Ukraine par la Russie était connu des États-Unis plusieurs mois avant le début de l’opération, mais les Américains n’ont pas réussi à convaincre leurs alliés de l’imminence de l’attaque. L’offensive russe a été donc lancée le 24 février.
Le président Vladimir Poutine avait lancé l’opération militaire russe en Ukraine le 24 février 2022. Depuis, plusieurs mois se sont écoulés, mais les forces de Moscou ne sont pas prêts d’abandonner malgré les diverses sanctions infligées à la Russie. Il s’avère que les États-Unis connaissaient le plan du projet de Moscou dès octobre 2021. Ils ne sont cependant pas parvenus à convaincre leurs alliés de l’imminence de l’attaque.
D’après une enquête publiée mardi par le Washington Post, les services secrets américains avaient tiré la sonnette d’alarme très tôt. Ils avaient prévenu que Moscou prévoyait une invasion d’ampleur en Ukraine avec, à l’appui, une compilation de photographies satellites, de communications interceptées en Russie et du renseignement humain obtenu dans les hautes sphères du pouvoir politique comme dans les rangs de l’armée russe. Les Etats-Unis évoquaient un plan bien plus ambitieux que l’annexion de la Crimée en 2014 ou une attaque dans les régions séparatistes du Donbass (est de l’Ukraine).
Les renseignements américains avaient aussi analysé les comportements du chef du Kremlin "qui, allant fêter ses 69 ans, avait compris qu’il commençait à manquer de temps pour devenir l’un des dirigeants marquants de l’Histoire de la Russie". Dès le mois d’octobre, ils avaient alors convoqué des réunions de première importance. "Toutes les pièces sont en place pour un assaut massif", disaient la vice-présidente Kamala Harris, les ministres de la Défense et des Affaires étrangères ainsi que le chef d’état-major face à Joe Biden.
Les Etats-Unis étaient convaincus que l’attaque était imminente à cause d’importants mouvements de troupes vers les abords de l’Ukraine, de la constitution de stocks de munitions, de nourriture et d’autres ressources nécessaires à une invasion. En revanche, ils n’étaient pas en mesure de déterminer le jour précis de l’opération. Par précaution, ils avaient transmis quelques informations à la France, l’Allemagne et au Royaume-Uni, leurs proches alliés. Ils avaient livré des éléments émanant des services de renseignements aux membres de l’OTAN en mi-novembre.
Avril Haines, première femme à diriger le renseignement national des États-Unis, affirmait que "de nombreuses interrogations existaient quant à la possibilité que Vladimir Poutine se lance dans une invasion d’une telle ampleur". "Ils se disaient : ‘Il ne va pas envahir, c’est cinglé’", selon un cadre de l’administration de Joe Biden. La France et l’Allemagne avaient du mal à croire que 80 à 90 000 soldats soient suffisants pour envahir un pays aussi grand que l’Ukraine. D’après une source au Washington Post, "seuls les Britanniques et les pays baltes étaient partants pour réagir et armer l’Ukraine".
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