Conseillère régionale de l’Alliance, Béatrice Leperlier s’engage pour lutter contre le chômage à la Réunion. En ce qui concerne la problématique de l’emploi à la Réunion, cette élue du Palais de la Source favorise l’embauche des Réunionnais. Retour sur l’actualité avec la plus jeune conseillère régionale de France.
Jeudi 10 février, le Chef de l’Etat est intervenu en direct dans l’émission "Paroles de Français". Avez- vous suivi l’intervention de Nicolas Sarkozy ? Si oui, qu’en avez-vous pensé ?
Béatrice Leperlier : Oui, j’ai pris le temps de suivre cette émission - sans trop d’espoir - afin de prendre connaissance du positionnement du président de la République sur les différentes problématiques auxquelles nous sommes confrontés aujourd’hui.
Comme prévu, il n’y a pas eu de grande surprise. On voit encore aujourd’hui un Président qui est détaché de la réalité sociale. Un état de la situation est dressé, quelques avis sont donnés, des perspectives (...) mais comme on dit si bien à la Réunion, "en attendant cabris mangent salades" parce que cela fait des années que nous avons des promesses (notamment sur le thème de l’emploi, de l’éducation...) mais on voit bien sur la réalité du terrain, ces actions ne sont pas efficaces.
En ce qui concerne l’emploi, le président de la République annonce 500 millions d’euros supplémentaires pour l’apprentissage. Qu’en pensez-vous ? Est-ce suffisant ?
Béatrice Leperlier : Oui, il annonce encore des sommes d’argent qui sont données mais ce ne sont pas les premières. Je ne sais pas depuis qu’il a été élu président combien de plans on a vu à destination des jeunes en faveur de l’emploi. (...) Il insiste sur l’emploi des chômeurs longue durée et des jeunes mais le problème - comme le soulignait l’un des invités -, c’est que l’on traite les conséquences mais pas les causes. C’est véritablement là le souci. La question de l’emploi est avant tout liée à la question de la formation.
Je trouve dommage qu’on ait pas pu parler des Départements d’Outre mer.
Vous affirmez que sur 1000 emplois créés dans l’éducation nationale, 900 sont occupés par des personnes venues de l’extérieur. D’où viennent ces chiffres et comment expliquez-vous cette situation ?
Béatrice Leperlier : Ce sont des chiffres dévoilés dans un rapport sénatorial - rédigé par le sénateur Eric Doligé -, il disait même qu’il est peut-être préférable de favoriser la culture locale.
Les chiffres du rectorat sont totalement différents. On compte 305 Réunionnais sur 514 entrants en 2009. Et en ce qui concerne les mouvements inter-académiques, on signale 124 Réunionnais sur 150 (...). Dans ce contexte, vous faites de l’embauche locale une priorité.
Béatrice Leperlier : Nous avons fait référence à un rapport du Sénat. Nous avons ensuite interpellé le sénateur suite aux déclarations du Rectorat et il nous a confirmé ces chiffres. Le Rectorat a beau jeu de nous balancer ces chiffres mais ces chiffres (cf.rapport sénatorial) n’ont jamais été démentis par le ministère de l’Education Nationale.
En clair, vous contestez les chiffres du Rectorat de la Réunion ?
Béatrice Leperlier : Le Rectorat brouille les pistes finalement, pour ne pas dévoiler la vérité alors que les Réunionnais ont le droit de savoir et pas seulement dans la Fonction Publique de l’Education Nationale mais aussi dans toute la Fonction Publique et dans le secteur privé.
Nous devons savoir combien d’emplois sont créés chaque année à la Réunion, combien de postes sont occupés dans des Réunionnais, combien sont formés, combien sont aptes à le faire et combien de personnes nous faisons venir de l’extérieur pour occuper ces postes. Tant que ces chiffres seront gardés, tant que ces chiffres sont confisqués, cela ne marchera pas et on ne pourra pas avancer.
Dans ce contexte, vous faites de l’embauche locale une priorité ? Autrement dit, vous êtes favorable à la préférence régionale ?
Béatrice Leperlier : Nous parlons de la priorité à l’embauche des Réunionnais et cela comprend différents publics. Il y a les personnes qui ont toujours vécu à la Réunion et qui se forment à la Réunion, ces personnes ont le droit d’avoir un emploi. Il y a les jeunes Réunionnais qui sont obligés de partir parce qu’il n’y a pas de formation à la Réunion donc ils vont se former en métropole par exemple, ils ont le droit de revenir à la Réunion et d’avoir un emploi. Il y a également les arrivants qui ont des valeurs morales et matérielles concernant la Réunion, ces personnes ont également le droit à un emploi. Aujourd’hui, nous avons droit à la formation mais pas à l’emploi, c’est une aberrance.
Retrouvez l’intégralité de cet entretien avec Béatrice Leperlier dans la vidéo ci-jointe.