La lutte contre la piraterie a porté ses fruits mais les pirates sont devenus de plus en plus riches, révèle RFI qui relaie des extraits du bilan de la mission européenne Atalante dans l’Océan Indien.
Malgré le durcissement des mesures de sécurité, le nombre d’attaques de pirates dans les eaux de l’Océan Indien n’a pas diminué, mais le taux de réussite des assauts a cependant beaucoup chuté, révèle sur son site internet la Radio France Internationale. Depuis août dernier, seulement une attaque sur 14 a réussi contre 1 sur 4 l’année dernière. En 2010, à la même époque, au moins 30 bateaux étaient tombés aux mains des pirates, contre seulement 8 actuellement.
Etant donné que de plus en plus d’attaques se soldent par un échec, les pirates ont augmenté la rançon exigée. Les pirates réclameraient aujourd’hui des rançons dix fois plus chères. « Il y a 5 ans, elle s’élevait en moyenne à 600 000 dollars (environ 460 000 euros) par bateau mais la dernière versée cette année a atteint 6 millions (environ 4,6 millions d’euros) », note RFI. Il reste encore aujourd’hui quelque 200 otages aux mains des pirates somaliens.
La traque des pirates est une lutte de longue haleine et le phénomène de piraterie maritime est loin d’être éradiqué, concède le contre-amiral Christian Canova, numéro 2 de l’opération Atalante, qui vient de quitter ses fonctions.
Des drones américains survolent régulièrement les plages de la côte somalienne pour repérer des embarcations suspectes. Dans le même temps, des bateaux européens patrouillent quotidiennement à seulement 30 km ou 40 km au large des côtes somaliennes dans le but de dissuader les pirates de prendre la mer et empêcher l’accostage des bateaux capturés dans les ports. Cette manœuvre a pour effet d’obliger les pirates à rester à bord en haute mer avec leurs otages. C’est alors que les opérations de libération peuvent être lancées.
Depuis quelques mois, les forces navales mixtes de la mission Atalante, principalement les marines russe et américaine, se sont montrées plus offensives et ont décidé de se lancer à la poursuite des pirates. En outre, la présence de gardes armés sur les navires marchands, bien que seulement un bateau sur 6 ou 7 est concerné, a nettement contribué à dissuader les pirates.
Le contre-amiral Christian Canova a par ailleurs fait part de ses inquiétudes quant à la poursuite de la mission Atalante dans l’Océan Indien dans le contexte de la crise économique qui secoue l’Europe. Les contraintes budgétaires de certains Etats ont eu des répercussions sur les contributions à la lutte contre la piraterie. C’est le cas par exemple de la Grèce, très impliquée dans l’opération, elle a dû renoncer au maintien de plusieurs de ses frégates, d’après RFI. Ainsi, pour ce mois de décembre, la flotte grecque a été réduite à 2 navires sur zone, contre environ 6 à 8 bateaux auparavant.