Un manifestant de 39 ans est décédé d’un malaise cardiaque lors d’affrontements entre les forces de l’ordre et la population ce matin à Mamoudzou. Un autre atteint d’un tir de flashball a été hospitalisé, ses jours ne seraient pas en danger selon le préfet de l’île aux Parfums Thomas Degos. Trois semaines après le début du mouvement contre la vie chère, la situation reste extrêmement tendue à Mayotte. Cet après-midi, près de 400 personnes se dirigeaient vers Kaweni, secteur complètement bouclé par les forces de l’ordre.
Deux jours après la signature d’un protocole d’accord, la sortie de crise n’est pas toujours pas d’actualité sur l’île aux Parfums. Ce matin, de violents affrontements ont éclaté entre forces de l’ordre et manifestants dans le centre-ville de la capitale mahoraise, dans le secteur de la place de la République.
Une dizaine de fonctionnaires de la Police aux Frontières (PAF) étaient mobilisés sur place pour sécuriser le secteur. Selon nos informations, des barrages avaient été dressés par les manifestants et les policiers sont intervenus pour les lever. Ils ont alors été la cible de jets de galets et la situation a rapidement dégénéré en affrontements. "Pour se dégager, ils ont dû faire l’usage de grenades lacrymogènes et de flash-ball", a précisé le préfet. Dans le groupe de protestataires, Ali Elanziz âgé de 39 ans, s’est alors effondré sur le sol, légèrement touché par un projectile. Dans la confusion, les secours ont tenté de le ranimer en lui prodiguant un long massage cardiaque avant de la transporter à l’hôpital de Mamoudzou. Mais malgré les efforts des pompiers, l’homme est décédé .
Selon les médecins de l’hôpital de Mamoudzou qui l’ont examiné, le corps du manifestant ne présentait aucune trace d’impact sur le corps. Un autre manifestant a été blessé par un tir de flash-ball et transféré à l’hôpital. Après ce drame, la tension est encore montée d’un cran dans les rues de la capitale. Un groupe de 200 personnes s’est immédiatement dirigé vers le quartier populaire de Kaweni situé en périphérie et entièrement quadrillé par les forces de l’ordre.
Depuis 23 jours, l’île aux Parfums est le théâtre d’un mouvement contre la vie chère qui ne faiblit pas. De nombreuses manifestations, menées par l’Intersyndicale (CGT Mayotte, CFDT, FO et CFE-CGC) se sont succédées. En marge des cortèges, des échauffourées sont survenues et les forces de l’ordre ont été renforcées par des troupes supplémentaires envoyées de métropole et de la Réunion. Des pillages de magasins, des rackets sont également survenus à Mayotte. Au coeur des revendications : la baisse des prix sur les produits de première nécessité. Lundi soir, seul le syndicat FO a signé le protocole d’accord, les autres syndicats ont appelé à continuer la grève.