Soupçonnés d’avoir trempé dans une affaire de trafic de drogue, trois gendarmes et un policier, membres du Groupe d’intervention rapide (GIR) de Mayotte, ont été mis en examen et suspendus de leurs fonctions mercredi 27 juillet 2011. Les quatre prévenus, dont le commandant du GIR, sont accusés de “transport, cession, usage et détention de stupéfiants”. Ils ont été placés sous contrôle judiciaire et interdits d’exercer leurs fonctions, a-t-on appris de sources judiciaires.
L’affaire a fait un grand bruit dans le tout nouveau 101e département français, d’autant qu’une victime est à déplorer. Tout a commencé le 15 janvier dernier. Roukia, une lycéenne âgée de 18 ans, a été retrouvée morte et dont le corps a été dissimulé à Trévani, près de Mamoudzou. Plus tard, l’autopsie a révélé qu’elle a succombé à une overdose d’héroïne, un fait qualifié de " rarissime " à Mayotte où les drogues dures sont quasi-inexistantes.
Une enquête a ensuite été ouverte, ce qui a permis de déterminer l’origine de la drogue. Les soupçons se sont très vite portés sur le petit ami de Roukia, un métropolitain connu pour être un consommateur régulier de la drogue. De fil en aiguille, les enquêteurs ont également démasqué des vendeurs de l’héroïne, qui se sont avérés être des Comoriens en situation irrégulière, mais également des indicateurs du GIR.
Selon des éléments de l’enquête, les gendarmes auraient organisé l’importation de la drogue depuis l’île comorienne d’Anjouan, dans le dessein de pouvoir l’intercepter lors de son arrivée à Mayotte. Une magouille qui leur aurait permis d’améliorer leurs statistiques de saisie. Plus encore, la drogue en question était écoulée sur le marché par l’intermédiaire de leurs indics.
Lors de leur audition devant le juge d’instruction Hakim Karki ce mercredi, les prévenus comoriens ont fait savoir que ce sont les gendarmes qui leur ont fourni la drogue dont la revente servait de chantage au titre de séjour et devait aussi servir à les payer, selon une source judiciaire.
Les trois gendarmes, dont le commandant du GIR, et le policier ont été suspendus de leurs fonctions et pourraient être définitivement radiés de leurs corps respectifs.