Le groupe pétrolier Total, qui détient le monopole de distribution de carburant à Mayotte, se dit prêt à plier bagage pour céder la place à un concurrent « plus transparent » et « plus propre ».
Auditionné par la commission des Affaires économiques de l’Assemblée nationale, ce mardi 14 janvier, le président directeur général de Total, Christophe de Margerie, a déclaré qu’il est prêt à abandonner le marché mahorais où il opère en situation de monopole et a proposé de passer la main à un concurrent « plus transparent » et « plus propre ».
« A Mayotte, c’est tellement intéressant tout ça, que personne ne veut y aller. Si vraiment vous pensez qu’on gagne trop d’argent à Mayotte, on vous le rend. Allez chercher quelqu’un qui va vous faire tout, en transparence, en mieux, en plus propre. Nous partirons gentiment. Il n’y a pas de raison qu’on reste en étant haï et critiqué tout le temps », a lancé le PDG de Total alors qu’il s’expliquait sur les marges perçues par la compagnie pétrolière dans les DOM.
A l’issue de ces échanges assez vifs avec les parlementaires ultramarins, le député mahorais Ibrahim Aboubacar s’est indigné face à ce qu’il considère comme un « mépris » vis-à-vis de Mayotte. « Monsieur de Margerie a menacé les Outre-mer de cesser leur approvisionnement pour leur montrer ce que c’est quand les pétroliers ne font pas, ce qu’il considère presque comme une œuvre de charité, menaçant même de quitter Mayotte s’il y a une autre compagnie d’intéressée. Il présentait tout cela comme légitime, comme s’il ne prenait pas, ce faisant, les Ultramarins en otage », déplore-t-il dans des propos rapportés par Le Journal de Mayotte.
A noter que le torchon brûle entre les distributeurs et le gouvernement suite à la publication d’un décret le 31 décembre dernier sur la clarification des marges des pétroliers opérant en Outre-mer.
Au terme des discussions houleuses entamées le 9 janvier sous l’égide du ministère de l’Economie, le patron de Total s’est toutefois dit prêt à réduire ses marges pour éteindre la polémique entourant son profit jugé exorbitant dans les DOM.