Le procureur de la République de Mayotte souhaite délocaliser à La Réunion l’affaire de trafic de drogue impliquant trois gendarmes du GIR (groupe d’intervention rapide). La famille de Roukia, l’adolescente décédée par overdose, est contre ce dépaysement et en appelle à Nicolas Sarkozy pour maintenir le procès sur le 101e département.
Mercredi 3 août à Mamoudzou, le procureur de la République de Mayotte, Philippe Faisandier, a demandé le dépaysement de l’affaire de trafic de drogue impliquant trois éléments du GIR, deux gendarmes et un policier, afin de faciliter le traitement du dossier.
"La mise en examen de trois membres du GIR, service avec lequel les magistrats du siège et du parquet de Mamoudzou travaillent régulièrement, m’a conduit à transmettre au procureur général de la cour d’appel de Saint-Denis de la Réunion une demande de délocalisation du dossier vers une autre juridiction, dans l’intérêt d’une bonne administration de la justice", indique dans un communiqué le procureur Philippe Faisandier.
"Depuis ces mises en examen, certains, s’abritant derrière l’anonymat, ont livré à la presse des informations parcellaires voire inexactes ou des interprétations de faits sortis de leur contexte, servant manifestement des intérêts particuliers", ajoute le magistrat, sans parvenir à convaincre la famille de Roukia, la jeune fille dont la mort a lancé ce scandale.
Cette famille mahoraise entend saisir le chef de l’Etat pour que cette affaire soit jugée à Mayotte. Son avocat, Me Mansour Kamardine a annoncé qu’il allait intervenir auprès de Nicolas Sarkozy pour maintenir le procès à Mayotte. "J’ai pour consigne d’interpeller le président de la République pour qu’il mette tout en œuvre pour arrêter cette parodie", déclare-t-il. D’après lui, la famille de la victime a un "sentiment de dégoût parce qu’on leur arrache un éventuel procès". "Cette nouvelle tentative de dépaysement laisse le goût amer d’une justice coloniale. Est-ce uniquement quand il s’agit de fonctionnaires mzungu (blancs) que la justice risquerait d’être troublée ? Il ne faut pas laisser se développer le sentiment destructeur d’une justice à plusieurs étages", fustige l’avocat mahorais.