Un fort sentiment de déception à Mayotte après la mission d’inspection menée au tribunal de grande instance de Mamoudzou, sur ordre de la Garde des Sceaux.
Beaucoup de bruits pour pas grand-chose. C’est la conclusion tirée par les médias qui ont eu accès au pré-rapport de
la mission d’inspection au sein du tribunal de grande instance de Mamoudzou, à Mayotte. Cette mission, orchestrée par la ministre de la Justice Christiane Taubira en octobre dernier, avait pour but de faire la lumière sur les graves dysfonctionnements au sein de cette juridiction. Mais force est de constater qu’il n’en était malheureusement rien.
" (…) Le pré-rapport de l’Inspection générale des services judiciaires qui vient d’être remis aux magistrats et au personnel judiciaire du TGI de Mamoudzou fait pschitt... ", selon Le Point.
Annoncée à grand coup médiatique, la mission ministérielle risque de décevoir plus d’un. Et pour cause, les inspecteurs n’auraient pas pris le temps de feuilleter en profondeur les principaux dossiers brûlants qui ont défrayé la chronique locale.
Pour ne citer que l’affaire dite "
des fadettes " - factures détaillées de téléphone - du juge d’instruction Hakim Karki, ainsi que de quelques avocats, et aussi
l’affaire Roukia, la jeune lycéenne morte par overdose à l’héroïne, des stupéfiants qu’auraient mis en circulation plusieurs gendarmes du GIR, à l’origine de la mise en examen de certains d’entre eux.
Pire, "
le pré-rapport de l’Inspection ne fait nulle part mention d(u) décès du bébé" de 2 ans survenu il y a six mois, le 16 août 2012, dans le centre de rétention administrative (CRA) de Mayotte.
D’après Le Point, le document établi par le rapporteur se limite à décrire le contexte mahorais. "La justice à Mayotte intervient dans un contexte qui l’éloigne très fortement du modèle habituel, le département étant marqué par de fortes particularités : extrême pauvreté, prégnance déterminante des modes de vie locaux, forte présence de la vie religieuse musulmane...".
Le pré-rapport traite également d’autres sujets comme la situation immobilière, l’accueil ou encore les archives au sein du TGI de Mayotte.
Concernant les fadettes, le dossier n’a été abordé que très succinctement, soulignant que sa "révélation, à la mi-mai 2012, dans les médias nationaux et locaux a provoqué un véritable séisme au sein de la juridiction qui a nettement aggravé les tensions internes".
Les conclusions de la mission d’inspection relèvent par ailleurs "l’exacerbation des tensions et clivages internes à la juridiction", "une médiatisation intense de l’action judiciaire dans des conditions susceptibles de porter atteinte à son image" ainsi que des difficultés en matière de "régulation et d’amélioration du fonctionnement du service de l’instruction".