Dans un rapport publié mardi 23 avril, le Défenseur des droits Dominique Baudis propose des mesures d’urgence en faveur des mineurs isolés de Mayotte en raison de leur situation jugée "alarmante".
Le Défenseur des droits Dominique Baudis s’alarme du sort des mineurs isolés étrangers dans les rues de Mayotte. Il y a deux ans, leur nombre a atteint environ 3 000, dont 500 "en grande fragilité car absolument livrés à eux-mêmes". C’est une "situation alarmante" qualifiée de "véritable bombe à retardement" pour une petite île de 200 000 habitants. A titre de comparaison, on dénombre entre 4 000 et 8 000 enfants de rue sur toute la métropole, qui compte pourtant plus de 60 millions d’habitants.
Sur le 101e département, Dominique Baudis estime que des mesures d’urgence doivent être prises pour la protection de l’enfance. "Ces jeunes, souvent abandonnés physiquement, dans le plus grand dénuement, en marge de la société, deviendront bientôt des adultes dont la révolte pourrait avoir des conséquences dans toute la société mahoraise", explique-t-il dans un rapport publié mardi 23 avril.
Le Défenseur des droits relève également "le contexte spécifique de Mayotte", en proie à une immigration clandestine massive en provenance notamment des Comores. Pour autant, ce contexte particulier "ne saurait exonérer les pouvoirs publics de leurs obligations, fondées sur la Convention internationale des droits de l’enfant et les lois de la République", insiste Dominique Baudis.
Selon l’auteur du rapport, les mineurs isolés étrangers arrivant sur le territoire mahorais doivent bénéficier "sans délai" de mesures de protection. Il faudra notamment "prévoir des lieux d’accueil suffisants, diversifiés et adaptés" à ces enfants, conférer à Mayotte le statut de "zone en déficit de soins" et mettre en place "une meilleure coopération médicale avec le département de la Réunion".
Pour faciliter l’accès aux soins, le rapport Baudis recommande aussi de créer la Couverture maladie universelle (CMU) et la CMU-C (complémentaire) "en faisant bénéficier d’une affiliation directe à la Sécurité sociale les enfants non couverts, dans l’attente de la mise en place de l’aide médicale d’Etat (AME), destinée aux étrangers en situation irrégulière".
Le Défenseur des droits souhaite attirer "une attention particulière" sur les conditions sanitaires et médicales des enfants migrants, qu’ils soient à l’intérieur ou en dehors du centre de rétention administrative (CRA).
Dominique Baudis propose "de concrétiser rapidement la réalisation du nouveau CRA dont la construction a été annoncée depuis 2008", puisque selon lui "cette nouvelle structure permettra de mettre fin à la regrettable ’exception mahoraise’ concernant la présence d’enfants" dans l’actuel CRA de Pamandzi.
Au vu du principe d’obligation scolaire, le rapport envisage également la création d’écoles en structures légères préfabriquées en attendant des constructions en dur et pérennes. Accessoirement, le texte prévoit de garantir l’accès à un repas-collation quotidien à l’ensemble des élèves.
Afin de financer la mise en œuvre de ces mesures, M. Baudis rappelle que "Mayotte devrait recevoir environ 200 millions d’euros de l’Union européenne en 2014 au titre de son nouveau statut de région ultrapériphérique (RUP), "montant susceptible d’être doublé à l’horizon 2016".