Au bout d’une semaine de manifestations de rue, les discussions sur la vie chère à Mayotte étaient interrompues hier. Le préfet Thomas Degos a invité les grévistes à revenir autour de la table des négociations, sans avoir été écouté. Les rues de Mamoudzou ont de nouveau été prises d’assaut, mais cette fois, aucun débordement n’a été signalé. De son côté, le président du Conseil général Daniel Zaïdani a mis les choses au clair devant les professionnels des médias.
Croulant sous le poids de la dette, le Conseil général de Mayotte se montre désormais incapable de faire plus d’efforts pour contrer la cherté de la vie. Daniel Zaïdani a indiqué que les caisses se vident comme peau de chagrin suite à l’annulation des droits de douane sur les produits de première nécessité.
" Ce sont 2 millions d’euros par an de recettes en moins pour la Collectivité qu’elle aurait pu réinjecter en aidant les associations ou l’économie. Perte qui est double puisque les prix des marchandises non taxées qui devaient baisser, n’ont pas bougé ", explique-t-il dans les colonnes de La Lettre de Malango.
Et en 2010, la situation financière de la Collectivité a une fois de plus pris un sérieux coup en raison des exonérations douanières imposées sur de nombreuses gammes de produits. Une mesure " provoquant une baisse de 1,4 millions d’euros de recettes, soit 3,4 millions d’euros d’effort au total que l’on peut mettre au crédit de la Collectivité ", insiste le président du Conseil général de Mayotte, ajoutant qu’il n’accepterait plus de nouvelles baisses de taxes douanières.
Daniel Zaïdani en appelle à l’Etat pour mettre fin à la cherté de la vie dans le 101e département. D’après lui, le gouvernement " ne doit plus se contenter d’être un arbitre, mais doit jouer un rôle de modérateur des prix comme il le fait dans d’autres Départements d’outre-mer ".
Face aux médias, le président du conseil général a cité l’exemple des " supermarchés Leclerc qui avaient été introduits de force à La Réunion, suite aux Etats généraux de l’Outre-mer, pour y améliorer la concurrence ", rapporte La Lettre de Malango.
D’autres mesures avancées pour accroitre le pouvoir d’achat des Mahorais concernent notamment les prix de l’essence, l’on souhaite qu’ils " soient révisés tous les 3 mois comme avant et non plus tous les 2 mois ".
" La défiscalisation des charges patronales sur les heures supplémentaires comme c’est le cas en métropole ce qui fera respirer les entreprises qui ont supporté les augmentations de SMIG ", " l’indexation des salaires pour les instituteurs, qui ne sera pas forcément vecteur de hausse des prix si l’offre des produits de première nécessité continue à abonder ", ou encore " l’implantation de zones franches près de l’aéroport en Petite Terre qui attirerait les entreprises de Grande Terre "…figurent parmi les mesures préconisées pour combattre la vie chère à Mayotte.
Même si toutes ces propositions sont apparemment bonnes, le contexte ne s’y prête guère.
" Si tout cela est financé par l’Etat avec une dette de 1.600 milliards d’euros, ce ne sont pas les 200.000 habitants de Mayotte, soit 0,3% de la population française, qui vont grever le budget de l’Etat ! ", concède Daniel Zaïdani, qui conclut : " les acteurs économiques ont fait des efforts de baisse des prix, ils ne peuvent pas faire beaucoup plus que le carton de mabawas (ailes de poulets) à 22 euros ". Et il ajoute " je suis d’ailleurs en contact avec les entreprises pour connaître leurs marges de manœuvre ".
En attendant, une nouvelle tentative de négociations est prévue aujourd’hui à la Préfecture.