L’indexation du salaire des fonctionnaires et le sort des mineurs isolés. Ces deux grands dossiers sociaux étaient au menu de la visite de la ministre Marylise Lebranchu à Mayotte.
Après son
passage à La Réunion, la Ministre de la réforme de l’État, de la décentralisation et de la fonction publique Marylise Lebranchu a effectué une visite marathon de 24 heures à Mayotte où elle devait prendre à bras-le-corps les principaux problèmes sociaux de l’île.
Comme le relate le quotidien Malango Actualité, elle « était attendue de pied ferme par les syndicats de fonctionnaires mahorais », qui étaient impatients d’évoquer les deux dossiers sensibles portant sur l’indexation du salaire des fonctionnaires et le sort des mineurs isolés.
A part le secrétaire général à la mer, venu récemment à Mayotte, aucun membre du gouvernement n’avait fait le déplacement sur le 101e département depuis la visite du ministre des Outre-mer Victorin Lurel en juillet 2012. Raison pour laquelle les syndicats mahorais ont misé tous leurs espoirs sur Marylise Lebranchu pour faire bouger les lignes de revendications latentes sur l’île.
Peine perdue puisque les positions du gouvernement n’ont pas bougé d’un iota et le taux d’indexation est resté le même, soit à 40% sur une période de 5 ans jusqu’en 2017. Alors que les syndicats réclament au minimum un taux aligné à celui de La Réunion, applicable sur une durée plus courte.
« À La Réunion le taux est de 53 %, dont 18 % issu de la fin du franc CFA, ce n’est pas le cas à Mayotte, il n’y a pas de raisons objectives à cet alignement », s’explique Marylise Lebranchu devant les syndicats mahorais. Instauré à Mayotte, ce taux de 40% est également mis en application en Guyane, Guadeloupe et Martinique.
L’explication de la ministre était loin de satisfaire les fonctionnaires mahorais. « Rien de neuf sous le soleil. L’échange a été très cordial, mais elle savait qu’elle n’allait pas pouvoir nous convaincre », laisse entendre le porte-parole du Snuipp, Rivo Rakotondravelo.
Impuissante devant ce litige, la ministre a cependant annoncé quelques changements pour améliorer la situation des fonctionnaires affectés à Mayotte. Le journal Malango Actualité énumère entre autres la fin du statut des ’’expat’’, une catégorie pour désigner communément les fonctionnaires originaires de Mayotte travaillant dans d’autres départements. Ainsi, ’’la durée de présence à Mayotte, ou vice-versa, ne sera plus limitée à quatre ans maximum et ils toucheront au cours des quatre premières années, l’équivalent de 20 mois de traitement sous forme d’indemnité de sujétion géographique’’, indique Malango Actualité. De plus, ’’pour les fonctionnaires bénéficiant de l’indemnité d’éloignement, un dispositif transitoire sera créé afin qu’ils ne subissent aucune perte de rémunération’’.
Enfin, ’’dans le cadre du régime des congés bonifiés, les fonctionnaires, issus d’un autre département et affectés à Mayotte ainsi que les fonctionnaires d’origine mahoraise affectés sur un autre territoire pourront bénéficier tous les 3 ans d’une bonification de congés de 30 jours maximum et, sous conditions de ressources, d’une prise en charge de leurs frais de voyage, pour retourner pendant leurs congés sur le territoire dont ils sont originaires’’, détaille le quotidien mahorais.
Outre l’indexation, le sort des mineurs isolés a également été au menu de laministre Marylise Lebranchu lors de sa visite à Mayotte. Alors qu’elle s’est rendue dans les locaux de la Maison des adolescents de l’association Tama, la ministre a été interpellée par les acteurs locaux sur ce dossier épineux.
’ Le conseil général n’a ni la volonté ni les moyens de prendre en charge ces enfants ’, déplore Marie-Laure Piazza, présidente du Tribunal de Grande Instance (TGI) de Mamoudzou. ’ L’État doit prendre la main sur la problématique des mineurs isolés ’, insiste le sénateur Thani Mohamed Soilihi, faisant allusion au rapport du Défenseur des droits, Dominique Baudis, qui a plaidé pour la cause de 3.000 enfants isolés étrangers, à l’issue de sa visite à Mayotte en novembre 2012.
En réponse à ces doléances Marylise Lebranchu a reconnu que ’’C’est un problème de la République, je vais demander une réunion interministérielle le plus vite possible ’. Selon ses dires, elle va exposer cette problématique lors du Conseil des ministres, ce mercredi 10 juillet à Paris. Le principe c’est l’égalité des droits, mais la République doit aussi être équitable. On doit faire plus d’efforts ici qu’ailleurs, les autres collectivités seront solidaires de Mayotte ’’ a-t-elle poursuivi.
Sur ce, Malango Actualité rappelle que ’’Jusqu’à présent, il n’existe aucun centre d’hébergement à Mayotte pour les mineurs isolés. Le Conseil général n’en prend en charge que 150’’.