Alors que les négociations sur la vie chère à Mayotte doivent reprendre cet après-mid, la ministre de l’Outre-mer Marie-Luce Penchard a une nouvelle fois lancé un appel au calme. Elle a exhorté tout un chacun à faire preuve de responsabilité, sans avancer de propositions pour calmer les esprits.
" Le droit de manifester ne doit pas être détourné au travers de débordements et de violences inacceptables ", dit-elle dans un communiqué diffusé à la presse. Parallèlement, les Mahorais ne décolèrent pas. Ils étaient entre 300 et 600 hier à prendre d’assaut les rues de Mamoudzou. " Beaucoup de barrages, beaucoup de blocages, mais aussi des débordements et dérapages en différents points de l’île ", rapporte La Lettre de Malango.
Après deux semaines de mouvement de rue, la manifestation contre la vie chère sur le département de Mayotte semble vouée à s’inscrire dans la durée. " Ce sont surtout des jeunes qui bloquent les rues notamment à Chirongui, au carrefour de Dapani, à Malamani, à Koungou ou à Vahibé… mais également en Petite-Terre, rendant quasi-impossible l’accès à l’aéroport ", d’après le quotidien mahorais.
Alors que les négociations n’avancent pas, Marie-Luce Penchard a de nouveau lancé un appel à la retenue. Voici en intégralité un communiqué publié jeudi 6 octobre par le ministère de l’Outre-mer :
" Depuis plusieurs jours, des manifestations sont organisées à Mayotte sur le thème de " la vie chère ". Sachez que je suis en lien permanent avec le Préfet, Thomas Degos, pour en suivre l’évolution.
Le Président de la République, qui s’est rendu sur votre territoire le 18 janvier 2010, a pris des engagements devant vous. En respectant sa parole, en respectant les engagements de la République, ce qui n’avait pas toujours été le cas dans le passé, Nicolas Sarkozy a tissé des liens de confiance avec chacun d’entre vous.
C’est au nom de ces liens, de cette confiance réciproque, que je m’adresse aujourd’hui à vous, mes chers compatriotes de Mayotte :
Le droit de manifester, que l’Etat est là pour garantir, ne doit pas être détourné au travers de débordements et de violences inacceptables.
J’en appelle à la responsabilité de tous pour que le climat s’apaise, il en va de la sécurité des personnes.
Personne ne peut souhaiter une issue dramatique à ce conflit.
Je comprends les attentes qui sont exprimées, parce que je connais bien Mayotte pour être venue à votre rencontre 6 fois et parce que le pouvoir d’achat est au coeur de vos préoccupations et de celles de tous les Français.
Le Préfet Thomas Degos a toute ma confiance pour veiller au bon déroulement de ces manifestations et pour favoriser la poursuite de discussions constructives.
Je suis convaincue que rien ne peut se construire et aboutir dans la durée sans le dialogue et le travail en commun.
Vous le savez bien, le développement de Mayotte ne se fera pas en un jour.
Des progrès considérables ont déjà été réalisés, grâce à votre volonté de changement, et grâce à l’accompagnement très fort de l’Etat.
N’oubliez pas que, depuis l’élection du Président Sarkozy, nous avons toujours tenu nos engagements, et je me suis engagée personnellement pour respecter le calendrier fixé :
· Mayotte est devenue le 101ème département français le 31 mars 2011 ;
· Le système de santé se modernise, on a par exemple consacré plus de 50 millions d’euros ces dernières années pour investir dans l’Hôpital de Mamoudzou ;
· Dans l’éducation, en quelques années, le nombre d’enfants scolarisés dès l’âge de 3 ans a été doublé et nous avons mis en place, pour une grande majorité des élèves, une collation ;
· Dès 2009, nous avons augmenté les prestations pour les personnes âgées et les personnes handicapées, elles auront été augmentées de +100 euros par mois en 3 ans ;
· Et comme prévu, le RSA sera bien mis en place au 1er janvier 2012.
Le travail ne s’arrête pas là évidemment et je veux vous dire que tous les ministères sont mobilisés pour poursuivre la départementalisation que vous avez tant attendue : droit syndical, formation, enseignement supérieur, accès à internet…
Oui la départementalisation de Mayotte est en marche, c’est une réalité, sur laquelle le gouvernement travaille tous les jours ; on a besoin de vous pour avancer, pour construire Mayotte, et ne croyez pas aux slogans faciles, à tous ceux qui promettent sans tenir leurs engagements.
Mes chers compatriotes, je sais pouvoir compter sur vous, sur votre attachement à la République, pour poursuivre l’entreprise historique que nous avons engagé ensemble ".