Si la moyenne nationale est de 333 praticiens pour 100 000 habitants, à Mayotte, la densité médicale est de 77 sur 100 000. Seuls 17 médecins libéraux exercent dans le département à l’heure actuelle.
Actuellement, le département ne compte plus que 77 praticiens pour plus 100 000 habitants. Pour ce qui est des libéraux, ils étaient 33 en 2006 contre 17 aujourd’hui.
Interrogé dernièrement par mayotte.orange.mg, l’un d’eux, le docteur Kamel Méssaoudi, qui est non moins président du syndicat des médecins libéraux de Mayotte, a qualifié la situation de « véritable urgence » puisqu’elle aggrave l’inégalité aux soins en comparaison avec la métropole et la Réunion.
Le fait est que les manifestations contre la vie chère de 2011 « ont marqué un grand nombre d’entre nous », explique ce médecin. Il évoque « la délinquance grandissante, la qualité de l’éducation, la sécurité de nos enfants », comme raisons principales qui poussent les médecins à quitter le département pour ne plus y revenir.
« Les médecins de Mayotte partent. Et quand on nous dit, ‘si cette île ne vous convient pas, quittez là !’. Et bien c’est ce que beaucoup ont fait. Mais le problème c’est qu’il n’y a pas d’autres médecins qui veulent venir ici… », déplore encore le docteur Kamel Méssaoudi. Ce dernier craint que dans 10 ans, il n’y aura plus de médecins à Mayotte étant donné que la moyenne d’âge de ceux qui exercent sur l’île est actuellement de 52 ans.
La ministre des Affaires sociales et de la Santé, Marisol Touraine a déjà annoncé le lancement du dispositif « pacte territoire-santé » le 13 décembre dernier. Le 4 avril, une réunion de travail a été organisée dans le 101è département avec la participation de l’Agence de Santé de l’Océan Indien et des acteurs de santé locaux.
Avec ce dispositif, le gouvernement entend justement lutter contre les déserts médicaux avec comme objectifs : « changer la formation et faciliter l’installation des jeunes médecins, transformer les conditions d’exercice des professionnels de santé et enfin investir dans les territoires isolés ».
En attendant que tout se mette en place, le docteur Méssaoudi avance les solutions qui pourraient, selon lui, enrayer le problème. « Il faut faire comme en Guyane », argumente-t-il. « Ils ont trouvé la solution là bas. Jusqu’à 100 000 euros de bénéfice, les médecins ne payent pas d’impôt. Il faut aussi que l’acte soit majoré de 100% », devait –t-il rajouter en soutenant que c’est avec ce type d’attractivité que les médecins reviendront à Mayotte. Il souligne entre autres le rôle déterminant de la sécurité sociale dans tout le processus pour que la population locale n’ait pas à endosser tous les frais liés aux actes médicaux. « La situation est critique et si on ne fait rien très vite, je vous garantis que Mayotte devra se passer de médecin ».