La cours de cassation a refusé le dépaysement de l’affaire Roukia, la jeune mahoraise décédée à la suite d’une overdose en janvier dernier. L’affaire est si délicate que les avocats de la partie civile et de la défense ont tenu une conférence de presse suite à l’annonce du refus de dépaysement.
Le dépaysement de l’affaire Roukia, (la fille mahoraise de 18 ans morte d’une overdose d’héroïne) demandé par le Tribunal de Grande Instance de Mamoudzou (capitale de Mayotte) a été rejeté par la cours de cassation de la Réunion. Les avocats de la défense se joignent à ceux de la partie civile pour qualifier cette décision de victoire. "Avec cette décision, la cours de cassation vient d’implanter l’état de droit au milieu du lagon de Mayotte" se réjouit Mansour Kamardine, avocat de la famille Roukia, comme le rapporte le journal télévisé mahorais.
Une conférence de presse organisée par les avocats de la défense et de la partie civile a eu lieu lundi suite à cette décision de la Cours. Les avocats ont exprimé leur joie quant au non lieu du dépaysement de l’affaire. Saïd Larifou, Mansour Kamardine, Nadjim Ahamada et Catherine Préaubert ont partagé leurs émotions à la presse. "Une étape importance vient d’être franchie. La Cour de cassation vient de trancher pour l’égalité des justiciables devant la justice. Il reste l’espoir que le supplétif demandé par le juge d’instruction soit accordé", lance Larifou. Les 3 autres avocats ont aussi apprécié le verdict. Me Ahamada a parlé d’une décision historique. Et Mansour Kamardine évoque la notion d’un Etat de droit à Mayotte.
"C’est une décision très courageuse, résultat de la position du juge d’instruction et de la volonté des avocats réunis, faits très rare, avocat de la partie civile et avocats de la défense", affirme Saïd Larifou.
Me Kamardine rejoint son collègue Larifou en ce qui concerne la demande de supplétif en déclarant que son client était "loyal envers les autorités. Les titres de séjour ont été confectionnés, mais il ne l’a jamais obtenu. Il a fait l’objet d’un chantage et donc on demande à ce que le supplétif touche ce volet. Mon client détient un titre de séjour et aujourd’hui, il est en situation irrégulière mais depuis qu’il les a mis en cause, on veut le lui retirer".
Pour la famille de Roukia et les avocats qui se sont battus contre cette délocalisation, la décision de la Cour de cassation réunionnaise est une première victoire.
En janvier 2011, le corps sans vie de Roukia a été trouvé et l’autopsie a révélé une overdose d’héroïne qu’elle aurait consommée la veille avec son compagnon. Pris de panique, ce dernier a fini par révéler ses fournisseurs dont deux indics du GIR en situation irrégulière en Mayotte. Ils auraient remis en circulation la drogue contre la délivrance d’un titre de séjour. C’est ainsi qu’ils ont demandé à être jugé à la Réunion.