Sur les 4 millions de chômeurs recensés à Madagascar, près de 70% sont des jeunes. Avec un taux de chômage relativement faible, les Malgaches souffrent plutôt de sous-emploi que de chômage, selon la presse locale.
Madagascar compte actuellement 4 millions de chômeurs, dont majoritairement des jeunes. « La situation est d’autant plus alarmante » puisque chaque année, ils sont de plus en plus nombreux à venir grossir les rangs des demandeurs d’emplois.
D’après les chiffres officiels délivrés par les services statistiques (Instat), entre 400 000 et 500 000 jeunes diplômés débarquent tous les ans sur le marché du travail, mais en raison du contexte politico-économique actuel, leur insertion professionnelle s’avère très difficile, voire impossible.
Paradoxalement, le taux de chômage global estimé à 3,8% semble relativement faible sur la Grande île, où la population souffre plutôt de sous-emploi que de chômage, comme l’explique Midi Madagasikara. En vérité, il y aurait « peu de chômeurs, mais beaucoup de sous-employés » dans le pays.
« A Madagascar, ce n’est pas le travail qui manque, mais la force de travail existante occupe un emploi dont le salaire est inadéquat. Généralement, les travailleurs sont pauvres et non qualifiés. En conséquence, ils ne dégagent pas assez de valeur ajoutée », décrypte l’économiste malgache Rado Ratobisaona.
Selon un rapport de l’Instat, 80,5% de la population active exerce une activité de subsistance, c’est-à-dire moins productive et de moindre rendement. Officiellement, 42,5% des travailleurs sont en situation de sous-emploi puisqu’ils exécutent des travaux qui ne correspondent pas à leurs diplômes (inadéquation entre formation et emploi).
Ce phénomène de sous-emploi, qui constitue une nouvelle forme de chômage, traduit mieux la réalité sur le front de l’emploi. « C’est le taux de sous-emploi qui représente mieux la situation du marché du travail à Madagascar, celui-ci avoisine les 50% », déclare le professeur Hery Ramiarison, Professeur d’Economie à l’Université de Tananarive, qui s’appuie sur les dernières statistiques publiées par la Banque mondiale.
« L’économie en dépression due à la crise politique qui perdure actuellement constitue la principale raison de l’augmentation de ce taux de chômage », argumente encore ce membre de l’Observatoire pour le Développement national des Ressources humaines au niveau de l’Enseignement supérieur (ODRES).
En dépit du fort taux de chômage chez les jeunes (70%), les Malgaches sont en majorité actifs, précise le Bureau international du travail (BIT), qui souligne que le taux d’activité est de 90,2%, pour une population active âgée entre 15 et 64 ans. « La population active est jeune, épousant ainsi le trait démographique de la population, l’âge moyen est estimé à 32,1 ans et les moins de 25 ans représentent plus de 37% ». Autre constat établi par le BIT : « Des disparités significatives sont relevées selon le genre : les femmes sont aussi présentes sur le marché du travail pour 50,8% que les hommes pour 49,2% ».