Malgré les menaces d’arrestation, l’ex-président malgache Marc Ravalomanana a bel et bien l’intention de rentrer à Madagascar demain samedi 19 février 2011. Brandissant fièrement cinq billets d’avion, il a confirmé sa venue hier à travers une téléconférence donnée depuis son exil à Johannesbourg. Les autorités de transition en place sont sur le qui-vive.
Défiant les mandats d’arrêt lancés contre sa personne, Marc Ravalomanana a confirmé hier ce que certains de ses proches ont annoncé il y a deux jours : son grand retour au pays.
L’ancien chef d’Etat a expliqué à la presse que son " audacieuse initiative " est motivée par son souci d’amorcer un dialogue pour "l’instauration de la démocratie" à Madagascar. L’ancien président assure qu’il n’a rien à se reprocher, hormis les accusations portées à son encontre.
"Je n’ai pas peur de rentrer car je n’ai rien fait de mal dans mon pays", a-t-il dit, qualifiant le régime de son tombeur Andry Rajoelina d’ " illégal ". " Je suis et je reste le président de la République de Madagascar, avant qu’un autre président ne soit élu démocratiquement ", continue-t-il.
Une intervention qui n’a pas manqué de provoquer des remous dans les rangs des dirigeants de transition.
Le président en place Andry Rajoelina juge le retour de son rival " impensable ", assimilant l’exil de celui-ci à la fuite de Ben Ali ou de Moubarak. Et d’ajouter que " si Ravalomanana s’obstine à rentrer, il sera traité comme un évadé qui se livre de lui-même devant la justice "."Son retour équivaudrait à de la provocation, voire à une déclaration de guerre. Et les autorités compétentes prendront les mesures nécessaires", a-t-il prévenu lors de la remise de nouvelles uniformes aux militaires, hier à Fiadanana (Antananarivo).
Pour sa part, la ministre de la Justice de la Haute autorité de Transition, Christine Razanamahasoa, a réaffirmé que " Ravalomanana sera arrêté dès qu’il posera les pieds sur le sol malgache, et ce, en application de sa condamnation à perpétuité pour la mort d’une trentaine de manifestants devant le palais présidentiel d’Ambohitsirohitra le 7 février 2009 ".
De son côté, le ministre des Forces armées a déclaré que des mesures, voire des sanctions, seront prises à l’encontre des militaires qui feront montre de désobéissance.
Dans un communiqué diffusé à la presse hier, les forces de sécurité Emmonat (état-major mixte opérationnel national) ont indiqué qu’elles ne tolèreront aucun débordement, ni d’abus ou de manifestation tendant à provoquer des troubles.
Parmi la population, le sujet à propos du retour de Ravalomanana est sur toutes les lèvres. Les commerçants sont les premiers à se montrer inquiets face au risque de résurgence de scènes de pillage, à l’image du fameux lundi noir du 26 janvier 2009. " Il faut prévoir le pire car certains, qui ne sont pas forcément des manifestants, pourraient profiter de cette occasion.", confie l’un d’eux au journal en ligne Tananews.