Andry Rajoelina, en sa qualité de chef suprême des forces armées, assurera finalement la revue militaire ce 26 juin, jour de la fête nationale malgache alors qu’il devait se présenter comme simple invité.
Face au report éventuel du calendrier électoral, le comité d’organisation des festivités cadrant le 53è anniversaire de l’indépendance de Madagascar a changé d’avis sur le cas du président de la transition. Si la cérémonie du 26 juin devait être purement militaire, avec un Andry Rajoelina comme « simple invité », elle sera finalement présidée par ce dernier qui retrouvera sa qualité de Chef suprême des forces armées.
En même temps, le repas traditionnel se tiendra au palais présidentiel d’Iavoloha si auparavant, il devait avoir lieu dans un camp militaire.
Au vue de tout ce remue-ménage, le défilé militaire pourrait être boycotté par le corps diplomatique, estime Midi Madagascar, un scénario tout à fait prévisible étant donné la tension qui persiste actuellement autour de la candidature d’Andry Rajoelina à la présidentielle et son refus de démissionner du poste de président de la Transition.
Par ailleurs, le même quotidien malgache d’évoquer un « 26 juin à risques ».
D’abord parce qu’un communiqué est apparu ce weekend, réclamant « le remplacement des chefs militaires » malgaches. Les instigateurs dudit document intitulé « Armée malgache, Armée de business », se présentent comme membres du Collectif des Officiers de Madagascar mais cette information reste à vérifier, rapporte-t-on. Le communiqué ne cautionne pas notamment le changement protocolaire autour du défilé militaire.
Ensuite, parce que la réunion d’Addis Abeba du Groupe International de Contact sur le dossier Madagascar- regroupant les 5 puissances mondiales dont la France, l’Angleterre, les Etats-Unis, la Russie et la Chine- menace d’aboutir sur des sanctions ciblées ou non par rapport au refus d’Andry Rajoelina, Lalao Ravalomanana et Didier Ratsiraka de retirer leur candidature à la course présidentielle. Les résolutions de cette rencontre stratégique sont prévues sortir ce 26 juin. Pour les observateurs donc, la revue militaire d’Andry Rajoelina le jour même, pourrait être perçue comme un « acte de provocation » à l’endroit de la communauté internationale, le statut de ce dernier, suscitant déjà la controverse.
Lors de sa descente à Fianarantsoa (sud central), le leader de la révolution orange a encore tiré à boulets rouge sur ceux qui ne souhaitent par le voir concourir pour la présidentielle, aussi bien la communauté internationale que les autres candidats qui se sont réunis au sein d’un Collectif. Alors que ces derniers
lui ont imposé un ultimatum qui avait d’ailleurs pris fin hier, pour se retirer de la course, Andry Rajoelina a répondu par un message patriotique du genre : «
aimer son pays, c’est comme aimer son fils, aimer son pays, c’est aussi savoir se protéger. Et la seule liberté qui nous reste aujourd’hui c’est la liberté de choisir qui ne s’achète surtout pas », comme le rapporte Les Nouvelles dans son édition du jour.
Jugeant assez critique le contexte actuel, certains pays, comme les Etats-Unis, ont décidé d’appeler ses ressortissants établis à Madagascar à la plus grande prudence car "même les rassemblements et manifestations censés être pacifiques peuvent tourner en confrontations et dégénérer en violences". Ceux qui prévoient de séjourner dans la grande île ont été par ailleurs priés de s’inscrire au programme Smart Traveler Enrollement Program.
Dans le pays, ce sont les membres de la mouvance Ravalomanana qui ont annoncé en premier leur intention de ne pas honorer de leur présence le défilé militaire de ce mercredi. « Ne reconnaissant plus Andry Rajoelina en tant que chef de la Transition, la mouvance Ravalomanna ne compte pas assister aux cérémonies officielles dans le cadre de la célébration du retour de l’indépendance de Madagascar », a-t-on indiqué dans un communiqué relayé par le site d’Orange.