Après avoir rencontré le ministre français des Affaires Etrangères, Laurent Fabius, le président de la Transition, Andry Rajoelina, a accepté de répondre aux questions du journaliste de la Radio France Internationale. Des questions qui se rapportent à la sortie de crise et surtout à sa candidature.
Question (Q) : Monsieur le président, bonjour !
Réponse (R) : Bonjour !
Q : Il y a une semaine, Marc Ravalomanana a annoncé à Dar Es Salaam qu’il ne serait pas candidat à la prochaine élection présidentielle. Est – ce que ce n’est pas un geste d’ouverture de sa part ?
R : C’est sa décision et cela n’engage que sa personne. Je n’ai pas de commentaires à faire sur sa décision personnelle.
Q : Alors du coup, est – ce que vous – même pourriez renoncer à être candidat à la prochaine élection présidentielle ?
R : En ce qui concerne ma candidature, je donnerai la primeur au Peuple malgache. Je vais prendre ma décision au moment voulu.
Q : Et c’est quel à moment ?
R : Je pense que cela ne va pas tarder étant donné que le dernier jour de dépôt de candidature est le 8 mars. Donc, c’est à ce moment – là que nous allons prendre une décision ou, peut-être, avant.
Q : Alors, vous hésitez ? Mais il y a deux ans et demi vous aviez dit publiquement que si Marc Ravalomanana n’était pas candidat vous ne le seriez pas non plus.
R : En politique, c’est toujours en mouvement. Ce n’est pas du tout statique. Mais cela évolue selon le temps.
Q : Marc Ravalomanana renonce mais il souhaite rentrer dans son pays pour aider à la reconstruction de Madagascar. Qu’est – ce que vous en pensez ?
R : J’en ai fait part aux responsables de la SADC. Je le disais toujours, le retour au pays de l’ancien Président à Madagascar avant le processus électoral pourrait engendrer des conséquences inimaginables.
Q : Est – ce qu’on peut imaginer que Marc Ravalomanana rentre dans les semaines qui viennent et que les élections se tiennent, comme prévu, au mois de Mai prochain ?
R : Je pense qu’il y a un risque énorme et les conséquences seront inimaginables. Depuis trois ans de Transition, l’ancien Président, par rapport au rapport de la Gendarmerie, a concocté trois coups d’Etat qui ont échoué. Trois coups d’Etat militaires. Sans parler des attaques personnelles et individuelles. Et moi – même, il y avait eu une attaque à la bombe sur mon véhicule. La question qui se pose est que : « est – ce que ce retour, si cela se fait, ramènera la stabilité à Madagascar ? Est – ce qu’on pourrait imaginer qu’il y aurait des élections dans la paix dans le cas où l’ancien Président rentre à Madagascar avant les élections ? »
Q : C’est-à-dire que même s’il renonce à être candidat, vous continuez de vous opposer au fait qu’il puisse rentrer librement ?
R : Je ne m’y oppose pas, c’est à la SADC d’en décider.
Q : Est-ce que ça veut dire pour l’instant s’il rentre, il est toujours menacé d’être arrêté ?
R : La Justice est indépendante et l’ancien Président, aujourd’hui, a été condamné par la Justice malgache.
Q : En fait, vous n’avez pas confiance dans sa parole quand il dit que s’il rentre il ne se présentera pas ?
R : C’est une question que tout le monde se pose aujourd’hui. En 2002, l’ancien président a signé un accord à Dakar, quand il avait eu un conflit sur des élections présidentielles qui opposaient justement l’ancien Président et l’Amiral Didier Ratsiraka qui s’est exilé ici à Paris. A ce moment – là, c’était le Président sénégalais qui menait la médiation à Madagascar entre les deux protagonistes. Ils se sont serrés la main, ils se sont embrassés à l’issue d’un accord comme quoi on devrait organiser le deuxième tour des élections présidentielles à Madagascar. Une fois arrivé à Madagascar, l’ancien Président Ravalomanana a dit qu’il a été élu au premier tour. Donc, il a renié sa parole, il a renié sa signature au détriment du Peuple malgache.
Q : Et aujourd’hui, vous craignez une nouvelle ruse de sa part ?
R : La question que je me pose : « est-ce qu’on peut faire confiance à l’ancien Président Ravalomanana ? ».
Q : En 2009, les militaires ont joué un rôle clé dans le départ de Marc Ravalomanana, est-ce que ce ne sont pas eux qui refusent son retour et qui font pression sur vous-même pour qu’il ne rentre pas.
R : On veut que la paix et la stabilité règnent à Madagascar. Et il est de mon devoir de garantir un processus électoral dans la sérénité.
Q : Quand Laurent Fabius vous dit : « vous êtes très jeune, vous pouvez passer votre tour en 2013 et vous présentez le coup d’après en 2018 », qu’est-ce que vous répondez ?
R : Moi j’ai dit, par rapport à cela, que cela demande une réflexion assez profonde et je n’ai pas de réponse à donner à cela immédiatement.
Q : Et vous réfléchissez ?
R : Je réfléchis.
Q : Monsieur le président, merci.
Source RFI