Deuxième candidat arrivé au second tour de la présidentielle malgache, Hery Rajaonarimampinanina se sentirait gêné par le soutien d’Andry Rajoelina en sa faveur.
Dans une interview qu’il a accordée au journal
Le Monde, Andry Rajoelina a
officialisé son soutien en faveur d’Hery Rajaonarimampinanina, qu’il soutenait discrètement en même temps que neuf autres candidats issus de sa mouvance lors du premier tour du 25 octobre dernier.
"Je ne pouvais pas soutenir officiellement un candidat au premier tour car ma mouvance avait plusieurs candidats. Je voulais qu’il y ait une égalité de chance. Mais dans les coulisses, j’ai soutenu Hery Rajaonarimampianina. J’ai donné des consignes. Mes ministres l’ont soutenu. Pour le second tour, c’est désormais clair : Hery Rajaonarimampianina est le candidat de la mouvance Rajoelina, le candidat de la révolution", lance le président de transition, après avoir entretenu ce secret de polichinelle pendant plusieurs semaines.
Son soutien a toutefois été accueilli diversement par le principal concerné. Selon différents médias, les déclarations de l’homme fort de Madagascar ont mis très mal à l’aise Hery Rajaonarimampinanina, qui s’est dit "surpris" par ce coup de pouce inattendu.
"En tant que président de la transition, Andry Rajoelina ne peut pas m’apporter son soutien", affirme avec prudence l’ancien ministre des Finances, craignant d’éventuelles conséquences notamment sur le plan juridique.
"Ce soutien d’Andry Rajoelina peut amener à la disqualification d’Hery Rajaonarimampianina. Pour ça, il faudrait que la Cour électorale spéciale soit saisie d’une requête, et qu’elle détermine si, dans les faits, Hery Rajaonarimampianina a bénéficié, ou bénéficie, du soutien d’Andry Rajoelina", affirme Jean-Eric Rakotoarisoa, professeur de droit à l’Université d’Antananarivo.
Du coup, le rival de Jean-Louis Robinson se retrouve en mauvaise posture, après avoir reçu cet appui embarrassant, qui s’apparenterait à un "cadeau empoisonné", commente le site Newsmada, reprenant les termes de la presse française.
Pour rappel, la feuille de route signée par les acteurs politiques malgaches en septembre 2011 stipule que "le président, le gouvernement, les chefs d’institutions et l’ensemble de l’administration de la transition doivent rester neutres dans la période de transition, en particulier dans le processus électoral."
"Hery ne veut pas de ce soutien encombrant, parce que sur ses affiches, il y a marqué ’Hery, vaovao’, c’est-à-dire ’Hery, l’homme neuf’. Le problème, c’est qu’Andry Rajoelina a peur d’être laissé pour compte dans cette élection. Pour cette raison, il emploie l’expression de ’candidat de la mouvance Rajoelina’, dans cette interview au Monde », analyse de son côté l’éditorialiste malgache Vanf, du journal L’Express de Madagascar.