Alors que les Nations unies louent le sens civique dont le peuple malgache a fait preuve durant le 1er tour présidentiel du 25 octobre, les critiques affluent concernant les préparatifs électoraux.
« C’était l’élection la plus mal organisée depuis l’indépendance », la remarque émane du groupe des experts nationaux qui a réuni la presse malgache hier pour faire part des résultats d’une enquête portée sur 20 000 électeurs.
Dans les détails, l’étude atteste que 35% des Malgaches en âge de voter ont été omis de la liste électorale et seulement 30% des régions ont été sensibilisées à la tenue des élections par les agents de la Cenit, la commission en charge du scrutin.
Autres détails froissants, il n’y avait que 22% des électeurs qui connaissaient les 33 candidats à la course présidentielle et 25% initiés à l’utilisation du bulletin unique alors que ce procédé est testé pour la première fois dans le pays.
Cette enquête effectuée au niveau de 5 régions centrales de l’île révèle par ailleurs qu’une part importante de l’électorat a reçu des contreparties de la part des candidats durant la période de propagande : tee shirt, casquette et même de l’argent liquide. Ils étaient 45% à avoir été confrontés à une telle situation.
Au vu de ces constats, les experts nationaux préconisent « l’amendement du Code électoral afin de permettre une nouvelle révision de la liste électorale », de façon à corriger les omissions. Seulement, cette proposition ne sera pas appliquée dans l’immédiat étant donné que la Cenit et le gouvernement ont décidé d’un commun accord la non-révision de ladite liste en vue du 2ème tour. D’ailleurs ni le Système des Nations unies, ni la Mission d’observation de l’Union européenne (MOE-UE) ne sont d’accord avec cette initiative. « Une révision de la liste électorale n’est pas opportune à ce stade car elle ne serait pas conforme à la loi », a réagi la MOE-UE. Aucune chance donc pour les non-inscrits de la liste actuelle d’aller voter le 20 décembre, date du 2ème tour présidentiel malgache, jumelé avec les législatives.
Autre recommandation formulée par le groupe d’experts nationaux, « l’insertion dans la loi sur les partis politiques, d’un amendement prévoyant un plafonnement des budgets de campagne des candidats », rapporte Midi Madagascar.
Malgré les failles relevées par rapport à l’organisation du scrutin, les experts nationaux et internationaux s’accordent à dire que globalement, le 1er tour du 25 octobre « s’est déroulé dans le calme ».
Fatma Samoura, la coordinatrice du Système des Nations unies rajoute même : « Le peuple malgache a su montrer son sens civique et son attachement à la paix et à la cohésion sociale. En général, Madagascar a donné l’exemple en organisant cette élection libre, transparente et pacifique ».