Une forte délégation de médiateurs internationaux est actuellement à Madagascar pour des consultations décisives des acteurs politiques malgaches. Les prochaines 48 heures seront cruciales, a-t-on annoncé.
Madagascar accueille depuis hier sur son territoire plusieurs personnalités du Groupe International de Contact, entre autres :Ramtame Lamamra, Joaquim Chissano, et Jean-Claude de l’Estrac, respectivement commissaire à la Paix et la Sécurité de l’Union Africaine, médiateur de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) et secrétaire général de la commission de l’Océan Indien.
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Nous sommes ici pour canaliser la situation par rapport à ce qui a été décidé à Addis Abeba », a déclaré à son arrivée Joaquim Chissano, se référant aux dernières résolutions du GIC-Madagascar, à l’issue de la réunion du 26 juin, jour de la fête nationale malgache.
Pour rappel, ce rendez-vous éthiopien auquel étaient représentés 18 pays et organisations internationales, a brandi des sanctions ciblées à l’encontre d’Andry Rajoelina, président de la transition malgache, Didier Ratsiraka, ex-chef d’Etat et Lalao Ravalomanana, ancienne première dame du pays, tous trois candidats contestés de la présidentielle. La réunion a aussi appelé les partenaires de la grande île à ne plus soutenir financièrement le processus électoral jusqu’à ce que les trois personnalités décriées retirent leur candidature.
Dans le pays, les menaces de la communauté internationale ne semblent pas inquiéter les parties concernées. Depuis cet épisode, Lalao Ravalomanana et Andry Rajoelina se sont montrés de plus en plus intraitables par rapport à leur candidature, brandissant la souveraineté nationale. Pour sa part, Didier Ratsiraka a soutenu qu’il n’y a aucune raison de le sanctionner puisque son dossier a été validé par la cour électorale spéciale « CES ». De ce fait, c’est la CES qui doit être sanctionnée et non lui, en tant que candidat, a-t-il estimé.
Pour la presse malgache, la mission s’annonce difficile pour l’équipe de la médiation étant donné que le contexte a déjà bien évolué à Madagascar ces dernières semaines : les propositions de l’ancien président Zafy Albert pour la tenue d’un référendum constitutionnel sont déjà à l’étude. Il en est de même pour l’organisation d’un sommet à quatre réunissant Andry Rajoelina à ses prédécesseurs dont Didier Ratsiraka, Marc Ravalomanana et Zafy Albert.
Parallèlement, d’autres entités comme le collectif des citoyens pour la conciliation réclament la mise en place d’un gouvernement neutre composé uniquement de technocrates. Autant dire que les discussions écartent partiellement ou totalement le GIC-M, au profit d’une médiation purement malgacho-malgache.
La communauté internationale ne s’avoue pas pour autant vaincue et semble être déterminée à se lancer dans une ultime tentative.
« Je pense que nous sommes arrivés au bout du chemin. Je ne peux pas être le seul à le penser. Il faut dire les choses comme elles sont (...) Il y a une limite à tout. Je ne crois pas que Madagascar peut continuer longtemps à attendre ce qui ne viendra jamais », a déclaré hier Jean-Claude de l’Estrac.
« Une médiation doit avoir un commencement et peut-être une fin. A un moment, il faut constater que la médiation n’est pas forcément vouée à la réussite », a-t-il encore poursuivi.
Pour la presse malgache, ces déclarations pourraient signifier qu’en cas d’échec, les médiateurs opteront désormais pour l’application in texto des sanctions. D’ailleurs, le secrétaire général de la COI a fait remarquer hier que « la communauté internationale, à un moment, décidera de ce qui conviendra de faire ».
« La sanction est une option très forte. Elle n’est jamais une solution », a-t-il dit tout en soulignant que « si on devait en arriver là, ce serait dramatique pour tout le monde ».
Depuis hier jusqu’à aujourd’hui, les médiateurs entament plusieurs rencontres avec les parties prenantes malgaches pour leur expliquer davantage les enjeux des sanctions qui menacent aussi bien les trois candidats que la nation entière. A leur arrivée, ces émissaires du GIC-M ont déjà prévenu que les prochaines 48 heures seront cruciales pour l’avenir de Madagascar dans le concert des nations.