Alors que la Feuille de route de sortie de crise signée vendredi autorise Marc Ravalomanana à rentrer au pays, la ministre Christine Razanamahasoa laisse entendre que la justice malgache est indépendante pour appliquer le mandat d’arrêt lancé contre le président déchu, actuellement en exil en Afrique du Sud.
En vertu du principe de séparation des pouvoirs, la ministre de la justice entend faire arrêter Marc Ravalomanana dès qu’il foulera le sol malgache.
" L’ancien président de la République, Marc Ravalomanana, sera arrêté à son débarquement ", prévient-elle dans les colonnes de l’Express de Madagascar. Tandis que les partisans de l’ancien Chef d’État espère son " retour immédiat et sans condition ", et " ce ne serait plus qu’une question de jours ". Christine Razanamahasoa, qui met en avant " l’indépendance de la justice malgache ", souligne que cette décision de la justice ne relève pas du régime de la Haute autorité de la transition (HAT).
L’exilé politique reste toutefois confiant quant à son éventuel retour à Madagascar eu égard " au droit international et aux droits de l’Homme, ainsi qu’au droit de circuler et de rentrer dans son pays ". " Je viendrai bientôt pour signer " la Feuille de route, a fait savoir le rival d’Andry Rajoelina lors de son intervention par téléphone ce samedi 17 septembre au meeting de Magro Behoririka, à Antananarivo. Intervenu sur RFI dimanche soir, Marc Ravalomanana a également affirmé qu’il " se préparait incessamment à rentrer, dès que la situation le permet ". D’après lui, l’actuelle justice malgache est " illégale car issue d’un régime illégal (la HAT, ndlr) ".
Depuis son éviction du pouvoir le 16 mars 2009, l’ex président Marc Ravalomanana a déjà fait l’objet de plusieurs condamnations ou poursuites judiciaires. En juin 2009, la Cour criminelle d’Antananarivo l’a reconnu coupable d’abus de biens publics dans l’achat de son deuxième avion présidentiel, un Boeing 737-700, d’une valeur de 60 millions de dollars. La justice malgache lui reprochait d’avoir "mélangé son argent personnel à l’argent de l’Etat". Dans cette affaire, il a été condamné à quatre ans de prison ferme. Une peine assortie d’une amende de 70 millions de dollars à titre de dommages et intérêts à verser à l’Etat malgache.
Puis en mars 2010, M. Ravalomanana a été condamné par contumace à 5 ans de travaux forcés et d’une amende d’un million d’ariary (environ 384 euros) pour complicité de détournement de biens publics et de favoritisme. On lui reprochait d’avoir utilisé des fonds publics dans l’acquisition et le remblayage d’un terrain situé à Andohatapenaka (Antananarivo). Un terrain d’une valeur de 3,6 milliards d’ariary (environ 1 384 000 euros) qu’il a par la suite cédé à son entreprise Tiko.
Enfin, en août 2010, l’ancien président a été reconnu coupable de complicité de meurtre dans l’affaire de la " tuerie du 7 février ", et a été condamné par contumace à des travaux forcés à perpétuité.
Selon Christine Razanamahasoa, Marc Ravalomanana a le droit de se pourvoir en cassation.