Sur la quinzaine de candidats qui doivent démissionner de leurs fonctions politiques, une grande majorité s’est conformée aux dispositions prévues par la loi. Sauf quelques-uns, dont Andry Rajoelina.
Andry Rajoelina s’accroche à son siège de président de la transition alors que la loi malgache exige la démission de toutes les autorités politiques candidates à l’élection présidentielle, dans un délai de 60 jours avant le scrutin.
Le numéro un du régime transitoire n’a pas remis sa démission à l’expiration de la date butoir ce lundi 27 mai, contrairement aux autres candidats concernés. Au lieu de déposer sa démission, il a envoyé une lettre à la Cour électorale spéciale (CES) pour demander de reporter d’un mois l’élection présidentielle et d’être traité sur un même pied d’égalité que les 13 autres candidats qualifiés de putschistes par le Conseil de paix et de sécurité (CPS ) de l’Union Africaine.
Andry Rajoelina se dit toutefois prêt à se soumettre aux dispositions prévues par la loi, mais tout en posant ses conditions : « Je suis disposé à retirer ma candidature mais à condition qu’il y ait un traitement égalitaire par rapport aux personnalités visées par les décisions du CPS de l’Union Africaine lors de sa 376e session sur la situation à Madagascar », écrit-il.
Les résolutions du CPS concernent au total 109 personnalités malgaches ayant participé au renversement de l’ancien président Marc Ravalomanana. « Tous ceux qui ont opéré un changement anticonstitutionnel sont dans l’illégalité, ils devraient retirer leurs candidatures », insiste Joaquim Chissano, médiateur mozambicain en charge de la crise malgache.
Parmi les candidats cités figurent en l’occurrence l’ex-premier ministre Monja Roindefo, l’actuel président du Conseil supérieur de transition (CST), Dolin Rasolosoa, ou encore Roland Ratsiraka ainsi que l’ancien chef du gouvernement Camille Vital.
Dans sa lettre, Andry Rajoelina s’aligne également à la position du Conseil de la réconciliation malgache (CRM), qui demande le report du premier tour de l’élection présidentielle prévu le 24 juillet prochain « pour cas de force majeure, à cause de l’absence d’un climat politique
apaisé ».
Et lui de souligner aussi que « le Conseil de paix et de sécurité de l’Union Africaine a déclaré lors de sa 376e réunion qu’elle ne reconnaîtra pas les autorités élues en violation des décisions pertinentes de l’UA et de la Sadc) ». Ceci entretient, selon ses dires, « un climat d’incertitude sur la poursuite du processus électoral ». Et « ce climat d’incertitude fait peser un risque majeur sur la stabilité du pays ».
Il a rappelé qu’en tant que président de la transition, son rôle principal est de « garantir le maintien de la paix sociale sur toute l’étendue du territoire » de la grande île. Par conséquent, « au regard de cette situation, le dépôt d’une démission de ma part ne peut être encore envisagée tant que les points litigieux cités ci-dessus ne sont pas encore tranchés. Auquel cas, ma démission sera reportée d’un mois », conclut Andry Rajoelina.
Le candidat-président a transmis sa lettre à la Cour électorale spéciale (CES), par l’intermédiaire d’une dame, celle-là même qui a déposé son dossier de candidature à l’insu de tout le monde. Il s’agit d’un membre du Congrès de transition, croit savoir Midi Madagasikara. Comme au 3 avril dernier, « elle a réussi à passer incognito » pour remettre le courrier à Ambohidahy, « à cinq minutes de l’heure limite ».