L’Union européenne et les Etats-Unis attendent la formation d’un "gouvernement démocratique" avant de procéder à la levée des sanctions contre Madagascar.
Alors que l’Union africaine a déjà levé lundi la mesure suspensive décidée contre Madagascar en 2009, l’Union européenne et les Etats-Unis, eux, préfèrent attendre que le processus de démocratisation aboutisse à son terme avant de reprendre une quelconque coopération bilatérale avec l’île.
Outre la mise en place de l’organe législatif qui devrait intervenir une fois les résultats de la dernière députation rendus officiels par la Cour électorale spéciale malgache, les deux pourvoyeurs de fonds attendent aussi la formation d’« un gouvernement démocratique ».
Après cette étape, « en principe, nous devrions lever les sanctions contre la Grande île », a déclaré lundi sur Express de Madagascar le chargé d’affaires américain Eric Wong.
« Notre position est similaire à celle adoptée par l’Union européenne par rapport au retour des coopérations avec le gouvernement malgache et à la levée des sanctions », devait-il souligner. Lui d’admettre toutefois que l’élection et l’investiture du nouveau président Hery Rajaonarimampianina le 25 janvier dernier constitue déjà deux étapes franchies.
La récente
déclaration de José Manuel Barosso, président de la Commission européenne, permet de comprendre ce que la partie américaine entend par «
gouvernement démocratique » : une «
réconciliation qui pourrait se concrétiser par l’ouverture aux forces politiques démocratiques et la mise en place d’une gouvernance respectueuse de l’intérêt général au bénéfice de tous les citoyens malgaches ».
Jonathan Lalley, porte-parole du Conseil de sécurité national américain à la Maison Blanche, à son tour, d’insister : « un gouvernement ayant la confiance des Malgaches ».
Après le coup d’Etat de 2009 l’Union européenne a suspendu ses programmes et gelé l’aide au développement versée au compte de l’Exécutif malgache. Seule l’aide d’urgence a été maintenue jusqu’ici.
Les États-Unis aussi ont pris des mesures punitives contre la Grande île en l’excluant des pays bénéficiaires de l’African Growth and Opportunities Act ou AGOA, accord de commerce préférentiel. Ils ont par ailleurs mis fin au programme Millennium Challenge Corporation (MCC), un service d’aide bilatérale qui assistait la Grande île dans divers projets de développement.
Ces diverses sanctions ont été lourdes de conséquences pour Madagascar :
92% de la population vivent sous le seuil de pauvreté avec moins de 2 dollars US par personne par jour et plus que la moitié des malgaches, soit 57%, sont plongés dans l’extrême pauvreté. La situation de l’emploi a aussi dégringolé avec 336 000 à 1 252 000 de postes formels perdus depuis le début de la crise.